jeudi 9 mai 2013

Turfiste Novice. Quelques conseils !!!


JF Pré
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Conseils de Jean-François Pré
23 février 2010 - 15h45 par Jean-François Pré
Jean-François Pré met son expérience au service de tous les parieurs. Il vous livre ses conseils avisés en toute transparence.
" je perde, ça ne change strictement rien à ma vie. Je conçois le jeu comme une distraction, certainement pas comme une addiction"

Premier conseil : LES TUYAUX.

Ils sont à fuir comme la peste !

Deuxième conseil : LA FORME.

Elle concerne avant tout le cheval (c'est lui qui a les jambes) mais elle se décline aussi avec l'écurie, l'entraîneur, le jockey et même le pronostiqueur...

Seizième conseil : LES COUPS SURS.

Les coups sûrs, ça n'existe pas !  
Conseils de Jean-François Pré
23 février 2010 - 15h45 par Jean-François Pré
Jean-François Pré met son expérience au service de tous les parieurs. Il vous livre ses conseils avisés en toute transparence.

Introduction

Si vous pensez lire un mystérieux grimoire qui fera de vous un millionnaire, cliquez vite sur une autre rubrique ou quittez le site ! Ces messages sont le fruit d'une longue expérience que Confucius compare à « une lanterne qui n'éclaire que le chemin parcouru. » Or, le parieur a toujours les yeux tournés vers l'avenir, autrement dit : le chemin à parcourir. Hélas, il n'existe aucune lanterne qui éclaire ce chemin là ! Toutefois, pour reprendre la parabole « confuciusienne », la première lanterne sera toujours plus précieuse que l'obscurité totale. D'où l'utilité de ces messages.
Attention ! Ceci n'est pas un évangile et je ne suis pas un apôtre. Encore moins Jésus Christ ! Je sais que les courses sont une religion et que le turfiste est un grand dévot... mais si vous gagnez en suivant ces messages, ce sera grâce à votre travail et à vos déductions. Je n'aurai fait qu'aiguiller votre regard... ce qui n'est déjà pas mal.

Premier conseil : LES TUYAUX.

Ils sont à fuir comme la peste ! Pourtant, la grande presse en fait ses choux gras et les parieurs les gobent comme des cacahuètes. Le tuyau a une connotation mystique : on le décrie, on le brocarde, on le tourne en ridicule sur la place publique... mais au fond de soi, on y croit. Eh bien justement, n'y croyez pas ! Entrez sur un hippodrome avec des boules Quies dans les oreilles ! Ne croyez que vos jumelles, fiez-vous à votre mémoire, à votre sens de l'observation, à vos analyses... jamais aux précieuses confidences qui polluent les tribunes.
Même les renseignements puisés à la source s'avèrent désastreux. Le jockey qui monte un cheval au pied levé ne sait généralement rien de lui. S'il l'a galopé le matin, il en sait davantage... mais beaucoup de nos plus fines cravaches sont de piètres juges. Quant à l'entraîneur, plus on approche de l'heure H, plus il se fétiche ; il peut vous dire le contraire de ce qu'il pense. Dans le cas contraire, il se trompe aussi souvent que le cavalier ! Si je vous disais la fréquence de leurs erreurs (dans un sens ou dans l'autre), vous seriez atterrés ! N'allez pas croire que je les traite de menteurs - même si certains ne disent pas toujours la vérité - mais vous connaissez la formule : Rien de tel qu'un cheval pour vous faire passer pour un imbécile. Ne soyez pas cet imbécile et si vous l'êtes de temps en temps (c'est inévitable... j'en sais quelque chose !), ne vous en prenez qu'à vous-même !

Deuxième conseil : LA FORME.

Elle concerne avant tout le cheval (c'est lui qui a les jambes) mais elle se décline aussi avec l'écurie, l'entraîneur, le jockey et même le pronostiqueur... et oui ! La forme physique est scientifiquement avérée, médicalement mesurée, mais la forme tout court est un concept aussi nébuleux que la loi des séries, à laquelle elle semble rattachée. Pourquoi un entraîneur ou un jockey se met-il coup sur coup à gagner toute une série de courses ? Pourquoi un pronostiqueur va vous indiquer cinq ou six quintés d'affilée et puis plus rien ? Mystère... c'est inexplicable. Ne cherchez donc pas à comprendre l'insondable ; vous n'avez qu'une seule chose à faire : en profiter ! Si vous êtes très perspicace, vous parviendrez même à anticiper la période de forme d'un entraîneur ou d'un jockey. Au premier frémissement, à la première victoire, vous saurez l'identifier. Pour ne pas dilapider vos gains, il faudra aussi que vous « sentiez » la fin de cette période.
Chez le cheval, il est un adage relativement fiable : la forme prime la classe. Bien sûr, cela vaut pour des chevaux de même catégorie, mais il est souvent préférable de choisir le supposé moins bon qui vient de gagner, plutôt que celui qui a la meilleure valeur théorique mais dont les résultats récents sont effacés. N'oubliez jamais la forme saisonnière ! Les chevaux atteignent souvent leur meilleur rendement à une période bien définie de l'année. Une fois que vous l'aurez identifiée, vous n'aurez plus qu'à l'attendre. Neuf fois sur dix, ça paye !
Méfiez-vous enfin de la deuxième course après une longue absence, surtout si elle est bonne ! Il s'ensuit généralement un « retour de manivelle », d'autant plus préjudiciable que le cheval en question part souvent favori. Cette règle s'applique surtout en plat... moins en obstacle et au trot.

Troisième conseil : PRESENTATION DU CHEVAL.

Certains turfistes ne vont jamais au rond de présentation, préparant leur jeu sur la seule étude du papier, d'autres axent tout sur l'observation du cheval avant la course. Appartenant à cette dernière catégorie (sans toutefois négliger le « papier »), je me sens donc autorisé à vous en parler.
Ce qu'il faut regarder en premier : Lorsqu'il est présenté au public, le pur-sang doit avant tout être calme, le poil lisse et sec (attention aux traces de sueur séchée !). Cela prouve qu'il a bien voyagé et conservé tout son influx pour la course. Le cheval excessivement nerveux, qui cherche à « se pointer », à échapper à la main de son lad, ou tout simplement couvert d'écume, part avec un sérieux handicap. Ne confondez cependant pas nervosité et gaieté ! Il arrive qu'un cheval se cabre ou envoie des ruades parce qu'il a envie de s'amuser, de se dégourdir les jambes... il peut tout simplement avoir hâte d'en découdre ! Dans ce cas, c'est plutôt bon signe. Méfiez-vous des anxieux et des angoissés ! Ils font de très mauvais athlètes, même s'ils ont les capacités requises. On les reconnaît au regard, mais il existe d'autres signes identifiables : les excréments et surtout les grincements de dents. Parfois, chez les chevaux entiers, on voit apparaître une « cinquième jambe », en présence de femelles. Il n'est alors guère difficile d'en déduire que le cheval pense à tout autre chose qu'à la course !
Mon but n'est pas de vous livrer un cours d'hippologie (j'en suis d'ailleurs incapable), mais il existe des paramètres de base que vous devez connaître. Généralement, le bon cheval est beau... il existe cependant des exceptions. Contentez-vous de vérifier qu'il a le rein court (et rebondi chez les sauteurs : on appelle cela la bosse de l'obstacle), le jarret bas, le canon court et de bons aplombs. Ensuite, regardez-le marcher ! Il est bon qu'il pose ses sabots postérieurs sur les traces des antérieurs... mais sa démarche doit avant tout être fluide et bien cadencée. Il est souhaitable que l'encolure soit détendue et même basse. Si le cheval fouaille de la queue, voyez-y un signe d'énervement ou de caractère, sauf si, en plein été, il s'en sert pour chasser les insectes. L'œil vif (regardez bien l'œil du cheval... il vous parle !) et la robe soyeuse témoignent de la bonne santé d'un cheval. Il faut que le poil soit court et lustré. Lorsqu'un cheval fait son poil d'hiver (la bourre), il perd en condition. Ce n'est pas systématique (dès les premiers frimas, les chevaux se protègent naturellement) mais il faut s'en méfier. Les muscles doivent être saillants et bien dessinés. Attention, les robes alezanes et grises ont toujours moins de « reflets » que les robes baies, surtout les foncées ! Observez attentivement le moment où le jockey se met en selle ; il est normal que l'animal réagisse, mais pas au point de changer radicalement de comportement.
Le modèle : Les chevaux ronds et trapus, très musclés, râblés, au modèle compact, seront plutôt destinés à se couvrir de gloire sur les courtes distances, tandis que les modèles plus longilignes brilleront sur les parcours de fond. Ce n'est pas une règle absolue mais les chevaux dotés de petits sabots auront plus de difficultés avec les terrain lourd que ceux qui ont des « soucoupes ». N'oubliez jamais que le « moteur » du cheval se trouve à l'arrière, mais sachez aussi reconnaître les points de force de l'avant-main. De fait, plus le modèle est harmonieux, plus les différentes parties du corps sont équilibrées, plus le cheval ressemblera à un athlète avec les performances qui suivent. Un rein, des jambes, une encolure trop longs ne feront qu'handicaper l'animal, comme un garrot proéminent sur un dos ensellé.
Les oreilles : Plus elles sont longues (surtout chez les femelles) mieux c'est ! Sachez comprendre le langage des oreilles ! Bien droites chez le cheval volontaire, tombantes chez le mou, elles traduisent un caractère ombrageux ou vicieux quand elles sont couchées. Le cheval en éveil au monde qui l'entoure se reconnaît par le mouvement des oreilles, beaucoup plus sensibles au son que les nôtres ; chez le cheval, c'est une sorte de GPS.
Les hennissements : Dans les courses d'inédits, vous entendez souvent des poulains pousser de longs hennissements. Cela traduit une angoisse et signifie qu'ils sont complètement perdus face à un environnement qu'ils découvrent et qu'ils jugent hostile. Ces chevaux là font rarement l'arrivée. Chez les mâles d'âge, un hennissement grave, court et plus guttural est un signe d'appétence sexuelle. Méfiez-vous en car cet étalon potentiel pense à autre chose qu'à défendre votre argent !
Les bandages : Si certains chevaux ont les jambes bandées, c'est parce qu'elles sont fragiles ou supposées telles car les bandages peuvent être utilisés à titre préventif (principe de précaution). Cela se constate dès que les terrains commencent à se raffermir. En revanche, le bandage unique (bobo prévisible) ou les bandages aux postérieurs sont sources d'inquiétude. En obstacle et au trot, les chevaux portent souvent des guêtres de protection qui n'ont rien à voir avec l'état de leurs tendons.
Les œillères : On les fait porter aux chevaux distraits, peureux ou lymphatiques. Le champ visuel du cheval est beaucoup plus large que celui de l'homme, son rayon n'est pas loin des 180° ! La paire d'œillères a dont pour finalité de l'obliger à regarder devant lui, à se concentrer sur son travail et à occulter la présence de ses congénères. Lorsqu'un inédit porte des œillères, c'est très mauvais signe. En revanche, le port d'œillères pour la première fois chez un cheval expérimenté a souvent des effets positifs. Dans les journaux spécialisés, on vous signale toujours le port d'œillères et l'on vous indique si elles sont portées pour la première fois. Les « œillères australiennes » (peaux de mouton de chaque côté du chanfrein) ne sont pas mentionnées ; c'est dommage car il s'agit d'un intermédiaire dont l'effet n'est pas loin de celui que procure les œillères classiques.
Je profite de ce paragraphe pour dénoncer l'ignoble barbarie appelée « leçon d'œillères ». Cela consiste à frapper violemment un cheval après lui avoir mis une paire d'œillères, de manière à l'effrayer en vue du jour où l'on les lui fera porter en course. Ce traitement indigne d'un homme de cheval est heureusement peu efficace.
Canter et trot d'essai : Le mot canter vient de l'Anglais to canter qui signifie galoper à une allure intermédiaire entre le galop de chasse (très petite vitesse) et le galop de travail. C'est l'allure à laquelle un cheval se rend au départ d'une course. On appelle improprement canter le trot d'essai ; si l'on tient absolument à utiliser un mot anglais, c'est heat (chaleur) qu'il faut choisir.
L'observation du cheval au canter est très instructive. Son action sera belle et déliée, on doit avoir l'impression qu'il ne touche pas terre. Si le cheval est raide avec une foulée heurtée, vous aurez raison de l'écarter. Méfiez-vous des chevaux qui tirent ! Quand l'encolure est longue et bien détendue, la tête droite et l'encensement régulier, le cheval affiche une parfaite décontraction, ce qui est toujours préférable pour un athlète. Les chevaux qui ont une foulée rasante s'accommoderont mal d'un terrain lourd, au contraire de ceux qui « piochent », plus à l'aise sur une surface grasse.
Aujourd'hui, vous avez la possibilité de voir des trotteurs s'échauffer (heats) entre deux courses. C'est plein d'enseignement mais cela demande une bonne paire de jumelles. Cinq minutes avant la mise sous les ordres, les concurrents d'une course prennent un ou deux départs. Là aussi, il est bon de surveiller les fautifs ou les « mal calés ». Vous pouvez, au dernier moment, éliminer un cheval de base ou, a contrario, repêcher un outsider. Il arrive cependant que des chevaux fautifs montrent un tout autre comportement en course... mais c'est plutôt un signe négatif.

Quatrième conseil : LE CHOIX DE L'ENTOURAGE.

Les hommes qui approchent le cheval de près sont censés le mieux connaître. Voilà pour la théorie... dans la réalité, il y a les superstitieux, ceux qui se fétichent, d'autres qui savent et font mine de ne pas savoir et d'autres enfin qui ne savent rien mais sont prêts à tout vous dire !
L'entraîneur : Sans même le connaître, vous pouvez deviner l'opinion qu'il se fait de son cheval à travers ses engagements. En début d'année, découpez les premières publications des engagements classiques (là où ils sont encore des centaines à être inscrits) et gardez-les précieusement. Ils vous seront utiles dans les handicaps, lorsque le choix de l'entraîneur sera devenu réaliste ; cela n'obture en rien l'estime qu'il a pour son cheval, manifestée à travers ce rêve ambitieux. Le choix de l'entraîneur est également capital lorsqu'il doit choisir entre plusieurs de ses élèves. Si vous voyez une très bonne chance à un cheval et que son mentor décide de courir l'autre de l'écurie... le message est clair.
Le jockey : Aujourd'hui, tous les grands jockeys ont des agents. Les meilleurs d'entre eux essayent de leur obtenir le plus grand nombre de montes gagnantes (ils sont rémunérés au pourcentage). Au lieu de suivre les jockeys vedettes, qui n'ont jamais rien rapporté au parieur, suivez donc les meilleurs agents... et notamment quand ils s'occupent de jockeys moins connus qu'ils cherchent à lancer.
L'apprenti : Un bon apprenti avec une décharge de 3,5 kilos, c'est de l'or en barre ! Dans les courses de poulains et pouliches (B,C,D,E,F), vous toucherez souvent des surcotes avec un bon apprenti à décharge, lié à une grande écurie. Surtout quand celle-ci est doublement représentée et que le jockey vedette s'assoit sur le favori, écrasé d'argent. Sachez donc repérer les bons apprentis des grandes écuries et profitez-en avant qu'ils ne perdent leur décharge !
Le propriétaire : C'est la dernière personne à qui demander un avis. Il voit son cheval avec les yeux de Chimène et n'en sait pas plus que le turfiste. Généralement, il gobe tout ce que lui dit l'entraîneur et quand il ouvre les yeux, bascule dans l'excès opposé : le rejet systématique. Le propriétaire est souvent celui qui aime le plus (quoi que...) et connaît le moins son cheval !

Cinquième conseil : LE CHANGEMENT D'ECURIE.

Qu'il s'agisse de « réclamers », de ventes publiques ou à l'amiable, les chevaux changent souvent d'écurie. Ces changements s'accompagnent souvent de progrès qui n'ont rien à voir avec la compétence respective des deux entraîneurs : le sortant et le nouvel élu. Le nouvel environnement, le changement d'atmosphère ou le retour dans un cadre différent à la suite d'un long repos peuvent « réveiller » un cheval endormi par une trop grande routine. Il arrive aussi que des chevaux changent de main au tout début d'une période de forme exponentielle. L'ancien entraîneur peut ne pas s'en être encore aperçu et le nouveau, bénéficiant du travail de l'ancien, révèle les progrès du cheval sans y être pour quoi que ce soit. N'oubliez jamais que le cheval nous fait tous (propriétaires, entraîneurs, jockeys, drivers, pronostiqueurs, journalistes etc.) passer pour un imbécile, à un moment ou à un autre de notre carrière ! Les plus grands entraîneurs ont tous vendu des chevaux qu'ils croyaient médiocres et qui se sont révélés dans d'autres écuries... TOUS !
Les courses « à réclamer » : Vous savez évidemment que tous les chevaux y sont à vendre, même si ceux qui les engagent ne sont pas tous vendeurs. Ce sont souvent des courses idéales pour préparer d'autres objectifs... à condition, bien sûr, de ne pas se faire prendre son cheval. A cet égard, suivez les « réclamers » et surveillez bien les chevaux « défendus », c'est à dire ceux qui sont rachetés par leur entourage. Sur les conseils de son entraîneur, un propriétaire va parfois jusqu'à perdre de l'argent - alors qu'il vient de gagner - pour ne pas laisser partir son cheval sous une autre casaque ! Il y a aussi des vieux chevaux, spécialistes des « réclamers » dont personne ne veut parce qu'ils sont trop âgés. Ceux-là n'ont rien à perdre et ce sont parfois des rentes (pour l'écurie et pour le parieur), tant ils se montrent réguliers dans leur catégorie.
La méthode : Une méthode tout bête mais qui obtient toujours un bon pourcentage de réussite : jouez les chevaux qui courent « à réclamer » pour la première fois ! Ne me demandez pas pourquoi ça marche... mais ça marche !

Sixième conseil : LE HANDICAP.

Le mot handicap vient de l'expression anglaise « hand in cap » qui signifie littéralement « main dans le chapeau ». Cela prouve que les Anglais (inventeurs des courses qu'ils ont codifées) prêtaient une large part au hasard dans ce genre d'épreuves. Rien n'a changé ! Dans des lots nombreux et compacts composés de chevaux de valeur égale (les écarts étant « rabotés » par la différence de poids), le facteur chance est déterminant. Il n'y a pas de méthode miracle pour jouer les handicaps car tous les chevaux sont supposés y détenir une chance égale. Pour ce faire, les poids sont répartis par des handicapeurs qui ont pour mission de niveler les valeurs. Certains pronostiqueurs, dits échellistes parce qu'ils établissent une échelle de valeurs parallèle, tentent de débusquer les erreurs du handicapeur pour dénicher un concurrent « lâché au poids ». Ce sont des théoriciens qui abattent un travail considérable mais la part de chance est tellement grande dans les handicaps que ce travail est souvent battu en brèche par les impondérables de la course. Les handicaps n'ont aucune valeur sportive mais ce sont des réservoirs à partants (donc à enjeux) qui font vivre toute la filière cheval.
La théorie de l'échelle : Elle s'appuie sur l'axiome : une longueur = un kilo. Autrement dit, un cheval qui, à poids égal, en bat un autre d'une longueur, doit, à leur sortie suivante, porter un kilo de plus pour franchir le poteau d'arrivée sur la même ligne que lui. Evidemment, nous nageons en pleine théorie et il est clair que la réalité n'est pas aussi simple. Pour se rapprocher de la réalité, il convient de moduler ce théorème selon l'impression visuelle et subjective de l'observateur, ce que l'ordinateur n'est pas encore capable de faire. Un cheval qui gagne d'une longueur « en tirant dessus » n'a évidemment pas la même valeur qu'un cheval qui gagne d'une longueur « roué de coups ». En outre, tout un chacun sait qu'en terrain lourd, les écarts se creusent et qu'à l'inverse, en bon terrain, on assiste généralement à des arrivées serrées. Cinq longueurs en terrain « défoncé » peuvent équivaloir à une grande encolure sur une surface normale. Il faut donc tout relativiser et savoir que la règle... c'est qu'il n'y a pas de règles. Fiez-vous à vos jumelles, ce sont les meilleures conseillères !
La pénalité : La pénalité pour une victoire peut aller de rien à cinq kilos, rarement plus (la moyenne se situe à 3.5 kilos). Tout dépend du niveau de la course, de sa facilité de la victoire, de la valeur des battus et parfois... de la tête du client. Il s'agit d'une zone sensible qui prête à toutes les polémiques. Dur métier que celui de handicapeur ! Cet homme passe sa vie à se faire interpeller (pas toujours avec courtoisie) par des entraîneurs mécontents.
La référence : On l'a vu, chaque cheval se voit attribuer une valeur théorique. Comme le poids de base est de 51 kilos (62 en obstacle), un cheval pris en valeur 30 ne pourra courir qu'un handicap dont la référence minimum est 21. La référence est par conséquent le poids que l'on ajoute à la valeur du cheval engagé. Notre cheval de valeur 30 portera donc le poids de base de 51 kilos et le cheval de valeur 35 en portera 56. Plus la valeur du handicap est basse, meilleur est le lot ; c'est aussi simple que cela.
Les tricheurs : La notion de handicap est une invite à la triche. Le cheval régulier, qui fait toujours sa course, ne verra jamais son poids baisser. C'est au mieux un éternel placé en puissance. A l'inverse, comme au golf (où le handicap ne concerne que les amateurs de bas niveau), certains chevaux se voient attribuer des valeurs qui ne correspondent pas à leur qualité réelle. Le jour où ils tombent le masque, il leur est facile de gagner... souvent à une cote juteuse. Des « shérifs » sont chargés de surveiller les éventuels tricheurs (ainsi que les fluctuations suspectes de la cote)... mais comme il est impossible de prouver quoi que ce soit, leur action est inefficiente. Aux courses, les délits d'initiés sont tacitement admis ; on appelle cela des tuyaux et tout le monde cherche à en avoir !
En vérité, dans un contexte économique difficile, la plupart des entraîneurs ramassent ce qu'ils peuvent ramasser, même s'il s'agit de miettes. Les gros handicaps, supports de quintés, sont grassement dotés et les sept premières places sont payées. Sachant qu'il vaut mieux tenir que courir, peu d'entre eux se risquent aujourd'hui à faire le tour... sauf s'ils ont des propriétaires patients, capables de payer 2000 euro par mois dans l'attente d'un gain hypothétique. Dans les années soixante (époque de grande prospérité pour le sport hippique), il en allait différemment. De rusés préparateurs étaient connus pour leur habileté à « viser » un gros handicap avec un cheval restant sur des performances médiocres. Ces professionnels ont pratiquement tous disparu. Il se peut aussi que des jockeys, agissant pour le compte d'un tiers, fassent le tour (c'est à dire, retiennent leur cheval) sans que l'entourage ne le sache. Le jockey est, en effet, moins sensible aux pressions économiques... et il peut l'être au chant de sirènes peu vertueuses. Dans les pays asiatiques, ce type de comportement - quand il est avéré - est TRES durement sanctionné. Au pays des Droits de l'Homme, on ferme pudiquement les yeux. Nos autorités hippiques sont des adeptes de la Méthode Coué : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cela me rappelle les articles de certains confrères inféodés au système qui, jadis, commençaient tous par : « Beau temps, bon terrain, foule nombreuse... ».

Septième conseil : LA COTE.

Elle est l'illustration hippique du principe des vases communicants. Plus un cheval est joué, plus sa cote baisse et plus celle des autres remonte. La cote d'un cheval se détermine par le rapport de la masse des enjeux (délestée des prélèvements légaux) avec la somme d'argent qui est parié sur sa chance. Si l'on dit qu'il est à 8/1, cela signifie qu'il rapportera 8 fois la mise plus la mise. Autrement dit, notre cheval payera 18 euro pour deux euro de mise. Quand les enjeux globaux sont faibles, une cote qui baisse est sans signification. En revanche, un jour de Prix de l'Arc de Triomphe ou de Prix d'Amérique, où les sommes jouées sont considérables, les fluctuations doivent être observées de près car elles sont le fruit de très gros investissements.
La répartition. Le tableau de répartition des enjeux, auquel vous avez accès sur chaque hippodrome, peut être très instructif. Normalement, un cheval est deux fois plus joué placé que gagnant. Quand les mises gagnantes et placées sont à parité (a fortiori quand il y a plus d'argent joué gagnant), c'est un signe !
Cote du matin, cote de l'après-midi. Autrefois (il n'y a pas si longtemps, en vérité), les paris du matin représentaient 90% de la masse. Les fluctuations de la cote, l'après-midi, étaient donc réellement significatifs. Aujourd'hui, les valeurs sont inversées et la cote du matin ne veut pratiquement plus rien dire (un favori à 1/10 peut finir à plus d'égalité et un gros outsider peut voir sa cote baisser de moitié). Les fluctuations sont néanmoins toujours parlantes... mais dans les toutes dernières minutes.

Huitième conseil : LES CHEVAUX A SUIVRE.

Si vous êtes bon observateur et que vous vous rendez fréquemment sur les champs de courses, constituez-vous un fichier ou un bloc note sur les chevaux que vous aurez remarqués (les « notes » comme on les qualifie dans le jargon journalistique) avec - si vous êtes un gros travailleur et que vous disposez de la documentation nécessaire - la date de leurs prochains engagements. Vous aurez l'impression d'être propriétaire d'une petite écurie et chaque cheval vous deviendra familier.
Les pièges dans lesquels il ne faut pas tomber : 1) Ce n'est par parce qu'un cheval finit à deux mille à l'heure qu'il sera nécessairement meilleur sur une plus longue distance. 2) Un cheval enfermé donne toujours l'impression d'aller plus vite que les autres ; sachez reconnaître celui qui a vraiment « du gaz » de celui qui n'en a pas ! Celui qui, par exemple, donne l'impression d'aller très vite parce qu'il tombe sur des "morts".... Dès qu'il bénéficiera d'un bon parcours, ce dernier se dégonflera comme un ballon de baudruche et votre argent partira en fumée. 3) Le cheval qui a fait l'objet d'une « note » a souvent produit un gros effort pour se faire remarquer ; il risque donc de le payer à sa sortie suivante et vous devez vous attendre à ne le voir répéter cette belle impression visuelle qu'une ou plusieurs courses après. 4) Méfiez-vous des malchanceux, ces « bêtes à chagrin » auxquelles surviennent toujours d'impossibles mésaventures ! Même s'ils ont un peu de qualité, ce sont des « pompes à fric » qu'il vaut mieux rayer une fois pour toutes de vos carnets. 5) Les tuyaux peuvent être des bombes à retardement. Evitez au maximum de prêter l'oreille aux tuyaux mais si vous le faites, dites-vous bien que le tuyau peut être crevé le jour où l'on vous le donne et devenir rentable un mois plus tard. LES CHEVAUX NE SONT PAS DES MACHINES. Si leurs capacités sont avérées, ils le montreront tôt ou tard mais pas forcément le jour où l'on s'attend à les voir le faire.

Neuvième conseil : CHOISIR SON PARI.

Voilà le conseil le plus difficile à donner ! On peut être le meilleur pronostiqueur du monde et perdre de l'argent, comme on peut ne rien connaître aux chevaux et se remplir les poches. Trouver le bon cheval est une chose, savoir le jouer en est une autre. Exemple : Vous sélectionnez deux chevaux qui se classent respectivement 4ème et 5ème. On ne peut guère dire que le pronostic soit bon et d'ailleurs, si vous les avez joués, vous perdez dans toutes les formes de pari... sauf une : le quinté, en ayant eu la bonne inspiration de faire un champ de vos deux chevaux. Cet exemple anodin montre combien il est difficile d'opter pour une forme de pari ou une autre, dès lors qu'on a choisi ses chevaux. A l'extrême opposé, on peut se dire que le jeu simple est la meilleure des solutions... mais imaginez qu'en jouant un cheval gagnant sec, vous soyez battu d'un nez par l'adversaire que vous craigniez le plus ! Pourquoi alors n'avez-vous pas pensé à faire le couplé ?
Dans ce domaine, où l'on s'éloigne du sport hippique, il n'y a pas vraiment de conseil à donner, si ce n'est celui-là : suivez votre sensibilité, trouvez la catégorie à laquelle vous appartenez et ne vous en écartez jamais ! Aimez-vous miser gros sur des favoris ou petit sur des outsiders ? Aimez-vous gagner peu mais souvent ou plus occasionnellement des sommes conséquentes ? Désirez-vous parier sur toutes les courses ou attendre celles que vous « sentez » bien ? A toutes ces questions et à bien d'autres, il vous faudra trouver une réponse vous-même... je ne puis me mettre dans votre peau. Si vous n'êtes pas un joueur compulsif, vous saurez néanmoins que les courses restent une distraction et que la visite des hippodromes vous sera toujours bénéfique en bien-être plus qu'en espèces sonnantes et (surtout) trébuchantes. C'est un moyen de se vider la tête, tout en gardant ses facultés en éveil : mémoire, sens de l'observation, psychologie, capacité à la synthèse, au tri des informations, analyse ordonnée, prise de décision rapide, élimination des mauvaises influences, concentration permanente sans perdre le sens du contact... voilà quelques unes des qualités que la fréquentation des hippodromes développe, tout en vous faisant oublier vos soucis quotidiens. Pourquoi croyez-vous qu'il y ait tant de gens âgés sur les hippodromes ou dans les Points Courses ? Parce que c'est une activité de vieux ? Parce que beaucoup de retraités s'y adonnent ? Non. Tout simplement parce que les activités cérébrales permettent de mieux vieillir.
C'est aujourd'hui une vérité scientifique !
Dixième conseil : LES HIPPODROMES.

Le plat se différencie du trot et de l'obstacle par le nombre de pistes différentes que doivent emprunter ses acteurs. Ce n'est peut-être plus entièrement vrai aujourd'hui, avec la délocalisation, mais un pur-sang est quand même soumis à plus de variété qu'un trotteur dont la carrière d'adulte (une fois le « métier » appris sur les petits champs de courses de province) naviguera entre trois ou quatre grands hippodromes nationaux : Vincennes bien-sûr, puis Enghien, Cagnes et éventuellement Vichy ou Caen, les deux seuls grands hippodromes (avec Cabourg l'été) où l'on tourne à droite. Le cheval d'obstacle de niveau national ne va guère s'éloigner d'Auteuil ou d'Enghien, s'il préfère les parcours plus coulants, de Cagnes ou de Pau l'hiver, voire de Clairefontaine ou de Craon, en période estivale. A l'inverse, le spécialiste du plat doit être très éclectique. On lui demande de courir en ligne droite, de courir à main gauche ou à main droite, de monter, de descendre, de fouler des pistes plus ou moins fermes l'été ou plus ou moins grasses l'hiver, etc. Cela demande beaucoup de maniabilité et tous les chevaux, bien entendu, ne se prêtent pas au jeu. Chaque hippodrome a donc ses spécialistes et l'on doit donc en connaître les spécificités.
1) LE PLAT : Longchamp : C'est le roi des hippodromes, le temple du galop. On raille fréquemment Longchamp pour son manque de partants (quoi qu'aujourd'hui, avec la création du trio ordre, ce déficit ne soit plus vraiment préjudiciable au parieur), mais son programme est exclusivement axé sur la sélection ; comment voulez-vous que le haut de la pyramide soit aussi large que ses fondations ? On ne gagne JAMAIS à Longchamp en galopant « nez au vent » dans la descente ou dans la fausse ligne droite. Lorsque le terrain est bon et que la lice est à zéro (cela signifie que la corde de protection, une espèce de garde-fou balisant la piste et protègeant une portion d'herbe qui serait labourée par les sabots si elle ne l'était pas, est retirée), la place à la corde peut avoir son importance, notamment sur les 1600 mètres de la moyenne piste. Les chevaux bénéficiant d'un petit numéro sont avantagés car il vont fouler une portion d'herbe sinon vierge du moins préservée. Les petits numéros à la corde sont tout aussi avantageux dans les courses sans train ; de fait, dans ce type de courses, il faut impérativement s'intégrer au peloton de tête le plus rapidement possible et l'on doit profiter d'un train de sénateur pour le faire. A l'inverse, dans les épreuves rondement menées, les chevaux de tête vont difficilement au bout ; surtout en terrain lourd. SACHEZ ANALYSER ET TENIR COMPTE DE TOUS CES PARAMETRES ! Chantilly : C'est à Chantilly que naquirent les courses telles qu'on les connaît aujourd'hui, la Société d'Encouragement (ancêtre de France Galop), le Jockey club et la codification du sport hippique. Auparavant, on courait un peu partout et sans aucune autre règle que celle des combats singulier entre gentilshommes. Chantilly et ses communes avoisinantes (Lamorlaye, Gouvieux, Avilly St-Léonard), ce sont aussi un gigantesque centre d'entraînement de 400 hectares (dont 120 kilomètres de pistes en sable) qui héberge 2800 chevaux, sous la responsabilité d'une centaine d'entraîneurs génèrant 2000 emplois directs ou indirects. Sur l'hippodrome des Princes de Condé, la montée de « La Mère Marie », à mi ligne-droite, est un célèbre « coupe-jambes » qui met en exergue le courage des chevaux et l'astuce de certains jockeys sachant que dans les derniers 200 mètres (plats, ceux-là), tout est encore possible. Places à la corde : petits numéros par bon terrain, sur 1600 mètres. Saint-Cloud : Une des pistes les plus stables de France. Hiver, été, pluie ou sècheresse, elle ne « bouge » pas ; un vrai tapis de velours pour les pur-sang. Lice à zéro et par bon terrain, les petits numéros de corde sont importants sur tous les parcours de 1600 à 2400 mètres. Maisons-Laffitte : Centre d'entraînement, lieu historique (le banquier Laffitte, Degas, etc.), culture du cheval... mais hippodrome bizarre. L'ancien parcours corde à droite, même avec une ligne droite interminable, privilégiait les chevaux qui s'appuyaient sur le rail. Ce parcours est en réfection et il n'y a pas de véritables statistiques sur la petite piste. Aucune règle en ce qui concerne la corde à gauche, même si la ligne droite est très courte... quant aux sprints en ligne droite (11-1200 mètres), par terrain sec, on peut assister à une prédominance des petits numéros de stalle. Comme Longchamp, Maisons-Laffitte est situé en bordure de Seine. Comme à Longchamp et plus encore qu'à Longchamp, quand le terrain est lourd il est très lourd et quand il est ferme... on l'arrose ! Deauville : Comme si la proximité du groupe Barrière, qui fait vivre la cité balnéaire, l'avait influencé... l'hippodrome de La Touques a tout d'une table de roulette. Le hasard y règne en maître et il n'existe aucune règle. Tantôt les courses se gagnent côté corde, tantôt elles se gagnent à l'extérieur. Tantôt, on peut triompher de bout en bout, tantôt les positions changent cinq ou six fois en 400 mètres de ligne droite. Quant à la fameuse PSF, piste en sable fibré (une merveille technologique), elle répond à la même absence de règles. Disons simplement qu'elle est prévue pour être bonne l'hiver ; en été, elle est plus huileuse et avantage - dit-on - les chevaux de terrain lourd. Quoi qu'il en soit, c'est un régal pour les jambes des chevaux. La PSF de Deauville a ses spécialistes, le plus célèbre d'entre eux étant JOKARI (14 victoires... à l'heure où j'écris). Lesdits spécialistes sont d'une régularité étonnante, de vrais métronomes sur ce parcours. Parfois, ils ne mettent pas un sabot devant l'autre sur le gazon (surtout s'il est lourd) et se retrouvent subitement sur le sable. Dans les quintés, il faut en faire automatiquement des bases ; c'est le seul point d'appui mais il est solide ! Fontainebleau : Ecrin de verdure en pleine forêt. Piste magnifique et toujours très bonne (sous sol en bruyère) avec une longue ligne droite qui finit en montant. Très sélectif. Aucune caractéristique particulière quant à la place à la corde. Compiègne : Nombreuses similitudes avec Fontainebleau (forêt, ligne droite qui finit en montant, corde à gauche) si ce n'est que, par bon terrain, il est IMPERATIF d'avoir un petit numéro à la corde ! Vichy : Hippodrome plat avec une longue ligne droite. Très régulier, tous les chevaux y ont leur chance. Beaucoup d'entraîneurs préparent leurs chevaux pour la Grande Semaine, à la mi-juillet. Les Lyonnais et les Marseillais y font souvent une razzia. Cagnes : C'est purement un hippodrome saisonnier. Sa piste en herbe n'est pas la meilleure du monde, mais elle s'est améliorée. Il n'y a aucune règle à observer si ce n'est celle qui consiste à jouer les spécialistes du meeting d'hiver. C'est valable pour le plat, l'obstacle... et même le trot !
2) L'OBSTACLE : Auteuil : C'est l'hippodrome où IL FAUT gagner, un lieu magnifique, unique au monde parce qu'intégré à l'enceinte d'une grande capitale. C'est également le seul champ de courses de la planète accessible par le métro urbain ! Sur un plan sportif, l'hippodrome de la Butte Mortemart est très exigeant et éprouvant. Les jeunes chevaux - même très doués - n'y durent pas longtemps et ceux qui réussissent à y faire une longue carrière (je pense notamment à AL CAPONE et à son impensable record de 7 Prix La Haye-Jousselin) sont des « durs à cuire » qui se sont déclarés sur le tard. Enghien : C'est l'anti-Auteuil ou, plus exactement, son complément. Il en faut pour tous les goûts et toutes les aptitudes ! C'est la raison pour laquelle l'hippodrome du Plateau de Soisy (plus coulant, plus propice à la vitesse, sur une piste qui n'est jamais franchement lourde) a ses spécialistes et que les spécialistes en question réussissent bien mal à Auteuil. Pau : Son meeting d'hiver s'est considérablement enrichi mais tout le monde n'y va pas. Pau a aussi ses spécialistes qui, bizarrement, semblent avoir du mal à s'adapter à d'autres hippodromes, notamment Auteuil. Au mois de mars, on constate effectivement que les gagnants palois confirment difficilement leur forme, pourtant avancée, sur la Butte Mortemart. Pau s'est aussi doté d'une piste en sable fibré qui n'est pas meilleure que celle de Cagnes et qui ne concerne que les lots modestes. Véritable originalité de l'hippodrome du Pont-long : son parcours de cross. Cette discipline - très spectaculaire au demeurant - reste néanmoins confidentielle. Enfin, il faut savoir que la ville de Pau dispose d'un grand centre d'entraînement (Sers), mitoyen de l'hippodrome, où se préparent des sujets de valeur nationale... et internationale ! Cagnes : Petits obstacles, grande vitesse. Ainsi pourrait-on résumer les courses de Cagnes qui ne concerne qu'une poignée de professionnels qui préparent ce court meeting (un mois) longtemps à l'avance, comme Yannick Fertillet, par exemple. Bizarrement, les « lignes » de Cagnes semblent toutefois meilleures pour Auteuil que celles de Pau. Craon : C'est un hippodrome d'obstacle « à l'Anglaise », c'est à dire respectant la topographie du lieu... superbe au demeurant. Ça monte, ça descend, ça saute... et ça saute gros ! Mais Craon est principalement célèbre pour son meeting de la mi-septembre, dit des « Trois glorieuses ». Durant ces trois jours, la population de cette petite ville de Mayenne doit être décuplée ! Craon est d'ailleurs l'hippodrome français qui attire le plus de spectateurs en moyenne ; cela vaut d'être signalé. Pour l'ambiance, il faut y aller au moins une fois... quant aux obstacles, c'est l'hippodrome de la tolérance zéro. Pour le plat (petite piste étriquée avec une courte ligne droite) et le trot (piste en herbe), l'intérêt de ce joli bijou est moindre.
3) LE TROT : Vincennes : C'est la plus belle piste de trot du monde. Meuble et rapide, très large, parfaitement dessinée, elle n'abîme pas les jambes des chevaux, sans les empêcher d'aller vite. Site unique avec une grande boucle de 2000 mètres (les pistes étrangère mesurent au maximum 1600 mètres), une montée et une descente dont les meilleurs pilotes savent se servir. Hélas, face à ce jardin somptueux, le côté cour ou plutôt tribunes n'est pas à la hauteur. La règle d'or à Vincennes, comme aujourd'hui sur les autres hippodromes de trot : ne jamais évoluer trop longtemps « le nez au vent », c'est à dire sans un adversaire devant vous pour vous couvrir. Il y a vingt ans, sur l'ancienne piste, un OURASI pouvait tourner autour des autres et s'imposer « la queue en trompette ». Ce n'est plus possible aujourd'hui... même avec les champions ! Enghien : L'hippodrome du Val d'Oise est le complément d'Auteuil pour l'obstacle et celui de Vincennes pour le trot. Piste entièrement plate, dessinée géométriquement, assez dure quand tassée par la pluie, pas toujours très bonne pour les jambes des chevaux. Seul le meeting d'été (fin juin à la mi-août) présente des courses intéressantes avec des trotteurs de haut niveau. Cagnes : Long meeting d'hiver avec de bons chevaux parisiens et scandinaves qui font le déplacement pour les grands évènements. En ce qui concerne les courses de série, comme le reste de l'année, c'est une affaire purement locale. Cabourg : C'est le Deauville du trot... sans le prestige et la qualité du programme. L'hippodrome est néanmoins très agréable et ça vaut le coup d'y passer une soirée estivale (animations nombreuses pour les familles). Caen : Voilà une belle piste, magnifiquement dessinée, hélas sous-utilisée... sauf pour le fameux Prix des Ducs de Normandie qui rassemble toujours un lot de qualité. Paradoxe : nous sommes en plein pays d'élevage et l'hippodrome est assez peu fréquenté, les Caennais n'étant guère portés sur le jeu. Le Croisé-Laroche : C'est « l'étoile du nord », dans la proche banlieue de Lille, une très belle piste aussi qui mériterait un programme plus huppé. Vichy : Juste avant le galop (sur le calendrier), vient le trot. La piste est régulière et les bons chevaux ont intérêt à venir, surtout pour le Grand Schelem. Comme à Cagnes, hors « Grande semaine » et courses de prestige, ce sont les locaux qui raflent la mise.

Onzième conseil : LES DEFERRES.

Comment imaginer que quelques centaines de grammes cloués aux sabots d'un animal d'une demi-tonne puisse changer quelque chose à sa performance ? Vision surréaliste... qui pourtant se traduit par la réalité des faits. Comment l'expliquer ? Tout simplement en démontrant que cet ajout de poids - si minime soit-il - peut dérégler la locomotion du trotteur qui, rappelons-le, même s'il est génétiquement programmé depuis le 19ème siècle, n'emprunte pas une allure naturelle. Tous les chevaux qui se « touchent » à partir d'une certaine vitesse (et donc raccourcissent leur action sous la douleur) obtiennent parfois un meilleur « passage » sans ferrure. Dès lors, ils vont plus vite et améliorent leur performance. Seulement voilà, la corne du sabot n'est pas inusable. Même le cheval qui a de bons pieds ne pourra être déferré perpétuellement. Le mâchefer de Vincennes est corrosif et l'on ne peut laisser indéfiniment la corne sans protection. Quant aux chevaux qui ont de mauvais pieds, ils sont devenus aujourd'hui carrément handicapés. N'oubliez jamais le célèbre dicton anglais : « No foot no horse » (pas de pied, pas de cheval) !
Quel bénéfice le parieur peut-il en tirer ? Le parieur doit s'appuyer sur deux paramètres : 90% des chevaux améliorent leurs performances quand ils sont déferrés et comme on ne peut le faire à chaque course, les entraîneurs ne retirent les « chaussures » de leurs chevaux qu'à l'occasion de leurs meilleurs objectifs. Le déferrage annonce donc la course visée. Il peut aussi révéler la forme du sujet et la confiance de son entourage... étant entendu que, même à l'occasion d'un bel engagement, on ne courra pas le risque de lui abîmer la sole si le cheval n'est pas prêt à fournir sa meilleure valeur !

Douzième conseil : LES DISTANCES - LE POIDS - LE SEXE.

Les distances : La distance ne veut strictement rien dire si la course n'est pas courue à un train régulier. Si les chevaux vont au galop de chasse jusqu'au déboulé final de 400 mètres... qu'importe qu'ils aient couvert 2000 ou 3000 mètres ! Quand vous faites « le papier », ce type de performances doivent donc être jetées aux orties !
Mis à part cela, il est des vérités qu'il est bon de savoir : les courses en ligne droite ne sont pas comparables aux courses avec tournant car dans celles-ci, dès qu'arrive le virage, le cheval raccourcit sa foulée et prend un bon bol d'air. Sur un parcours rectiligne, il n'a jamais la possibilité de respirer et court pratiquement en apnée, du départ à l'arrivée. C'est pourquoi on dit généralement qu'un 1600 mètres en ligne droite correspond à un 1800 mètres avec tournant. Il faut savoir aussi que les terrains pénibles (lourd ou collant) rallongent toujours les distances ; probablement dans la même proportion et parfois plus. Il existe enfin des parcours spécifiques comme les 1400 mètres de Longchamp, surnommés « le toboggan » parce qu'on s'élance « à fond les ballons » en descente. Ici, c'est donc le contraire : 1400 mètres équivalent à 1200.
Le poids : Le poids varie selon l'âge et le sexe. L'écart pondéral entre un mâle et une femelle sera toujours le même, mais celui qui sépare le trois ans de ses aînés variera selon la période de l'année. Il est plus facile à un 3 ans de battre les « vieux » à l'automne !
Le sexe : Les courses sont le seul sport où les mâles et les femelles s'affrontent... chose impensable chez les humains (Maria Sharapova n'aurait aucune chance face à Roger Federer !). Pour rétablir l'équilibre, en plat, on fait cadeau de 3 livres au sexe dit faible. Cela suffit-il ? Oui quand on a affaire à des juments baraquées comme THREE TROIKAS ou TRYPTICH... mais ce sont des exceptions. En règle générale, les mâles dominent. Au trot, il y eu une grande époque des femelles, dans les années 50 à 70, avec des noms prestigieux comme GELINOTTE, OZO, ROQUEPINE, MASINA et UNE DE MAI. Depuis, les demoiselles semblent avoir retrouvé leur place dans les seconds rôles... mais n'allez pas m'accuser de misogynie, je ne fais que citer les faits !

Treizième conseil : LE TERRAIN.

Par définition, tous les chevaux aiment le bon terrain... bon, ça veut dire bon ! Quand il devient ferme les jambes souffrent mais les bornes d'arrosage se mettent en route et les pistes durent n'existent plus que sur les petits hippodromes de dernière catégorie, là où le PMU ne s'aventure jamais. Maintenant, un cheval aux jambes fragiles risquera moins de « casser » sur une piste bien souple, mais pas trop non plus. Quant au terrain lourd, il requiert une aptitude spéciale (voir le troisième conseil, paragraphe : canter) ; tous les chevaux ne l'ont pas. On peut parfois la déceler à travers les origines, ce que nous verrons plus loin.
L'état du terrain est mesuré avec un appareil appelé pénétromètre, qui fait d'ailleurs régulièrement l'objet de plaisanteries salaces, comme on peut s'en douter. Les mesures sont prises à 10 heures du matin ; à vous de les corriger si la pluie continue à tomber jusqu'en fin d'après-midi ou si, à l'inverse, un beau soleil et un vent fort apparaissent. L'état du terrain varie aussi selon la qualité des pistes, comme on l'a déjà vu (dixième conseil).

Quatorzième conseil : LES ORIGINES.

En dehors de la conception et de l'achat d'un cheval, les origines peuvent-elles être de quelque utilité pour le parieur ? Certains pensent que oui ; admettons.... Quelles sont les indications que peut nous donner un pedigree ? La classe supposée de celui qui en hérite, bien entendu, mais encore ? L'aptitude à une certaine distance et au terrain. C'est peut-être ce dernier paramètre qui s'avère le plus précieux dans l'étude du papier, sachant que certains étalons transmettent une réelle aisance sur les surfaces grasses à leur progéniture. Sans avoir la prétention d'être exhaustif, je puis en citer quelques uns : SADLERS WELLS, EXIT TO NOWHERE, HIGHEST HONOR, TAKE RISKS, POLIGLOTE, MEDAALY, BLUEBIRD, PIVOTAL, TREMPOLINO, NIKOS et SICYOS... ainsi que les origines maternelles de MISTI, TAPIOCA, MATAHAWK, ARCTIC TERN, KING OF MACEDON, ABDOS, EMERSON et IRON DUKE. Le plus amusant c'est que certains de ces étalons qui transmettent cette aptitude ne l'avaient pas forcément eux-mêmes, du temps où ils couraient !
Les mystères de la génétique....
Certaines origines sont aussi garantes de docilité, de générosité et de bravoure ou, à l'inverse, dénoncent un certain caractère, voire un mauvais vouloir.
Comme toute règle, l'étude de l'ascendance d'un cheval comporte des exceptions... celle-là peut-être plus qu'une autre !

Quinzième conseil : ELIMINEZ... BUVEZ !

Vous connaissez forcément le slogan publicitaire d'une célèbre marque d'eau minérale... je vous propose de l'inverser : éliminez et si ensuite vous buvez, ce sera du champagne !
L'élimination d'un ou plusieurs concurrents dans les handicaps est un des exercices les plus périlleux qui soient. Mon prédécesseur, professeur et néanmoins ami, André Théron, animait une rubrique intitulée « Les interdits » dans les années 70. Une véritable planche savonneuse ! Si vraiment le cheval doit vous faire passer pour un imbécile, ce n'est pas la peine de lui faciliter la tâche. André donnait à ses auditeurs des cravaches pour se faire fouetter. Combien de fois ses maudits « interdits » se sont-ils retrouvés dans les trois premiers (à l'époque, il n'y avait que le tiercé), le plongeant au cœur de l'humiliation, le rendant vulnérable - lui, le grand prêtre de l'hippisme - aux yeux de certains qui n'hésitaient pas à mettre en doute sa compétence ? Combien de fois ai-je entendu un confrère prononcer la phrase fatidique : « Si Tartempion gagne, je me fais curé (ou rabbin ou imam, selon les confessions) ! » Combien de fois, moi-même, suis-je tombé dans le piège ? Et vous, cher turfiste, combien de fois vous est-il arrivé de rayer un cheval avec la certitude de ne lui savoir aucune espèce de chance... et de voir cet « interdit » placer son petit nez devant celui de votre favori, dans les tout derniers centimètres ? N'étant pas un homme public, vous vous êtes évidemment bien gardé de raconter ce « dégât collatéral » à vos copains, essayant de le dissoudre dans votre amertume. Tout cela pour vous dire qu'éliminer un cheval (et de préférence un mauvais favori) est presque plus difficile que de trouver celui qui va disputer l'arrivée. Le gain est cependant à la hauteur de la difficulté car s'il vous arrive d'avoir raison (à savoir écarter un ou plusieurs usurpateurs), tout devient beaucoup plus facile et - souvent - très rémunérateur.
Un vieux pelousard avait trouvé cette méthode d'élimination qui, s'appuyant sur un bon sens très carré, connaissait une réussite étonnante. C'est bête comme chou mais encore fallait-il y penser ! Il avait remarqué que lorsqu'un jockey ne pronostique pas le cheval qu'il monte, celui-ci figure rarement à l'arrivée. Vous allez me rétorquer : ils les mettent tous, même s'ils n'ont aucune chance, pour ne pas déplaire au propriétaire... et lorsqu'ils les oublient, le nègre de service s'en charge à leur place. Beaucoup plus intéressante est la seconde observation de notre pelousard : si le jockey-pronostiqueur n'indique pas le cheval qu'il a monté lors de sa dernière sortie, on peut aussi l'éliminer. Cela participe d'un raisonnement inébranlable : le jockey (qui est tout sauf un pronostiqueur, en fin de compte) détient un atout supérieur que sa mémoire toute fraîche n'a pu effacer ; il était en contact avec l'animal au moment de l'effort. Rien n'a pu lui échapper !
Tous les journaux qui consacrent un peu de place aux courses ont une rubrique de jockeys pronostiqueurs. Amusez-vous à suivre cette méthode, vous serez les premiers étonnés !

Seizième conseil : LES COUPS SURS.

Les coups sûrs, ça n'existe pas ! S'indignent les Mandarins qui traînent leur spleen sur les hippodromes. Et pourquoi n'existeraient-ils pas ? La principale vertu des courses c'est de nous faire rêver, de nous prendre le corps et l'esprit durant trois heures et de les rendre ensuite à la vie urbaine, épurés de cette aigreur qui nous tient debout comme un tissu amidonné. Pour parler trivialement, les courses... c'est une pompe à emmerdes. Peut-être que, pour certains, elles en créent d'autres... mais le but, c'est en s'adonnant à la recherche du gagnant, de se vider la tête de toute la pollution engendrée par notre environnement social.
La principale qualité d'un turfiste, c'est d'être croyant. Les courses et le jeu sont d'ailleurs comparables à une religion. On n'a jamais obtenu la preuve qu'elles pouvaient nous enrichir, mais on garde la foi parce la quête de la vérité, du coup sûr, voire de la pierre philosophale... est sans fin. Le turfiste vit dans le futur et s'il a besoin de certitude, c'est pour chasser le présent. Quid du coup sûr alors ? Pour le moral, il est bon de croire qu'il existe des chevaux imbattables. Et lorsqu'un cheval « imbattable » gagne, ce qui se produit somme toute assez souvent (on ne parle que des trains qui n'arrivent pas à l'heure), le turfiste regonfle sa pompe à logique et se croit maître du jeu. Jusqu'à la prochaine déconvenue.... Ainsi va la vie ! La roue tourne, comme les chevaux sur la piste, remède perpétuel à l'ennui.
Les matelassiers : Au fait, quelle est l'exacte définition du coup sûr ? C'est un cheval qui doit impérativement terminer dans les trois premiers. En jargon turfiste, le « matelassier » est une personne qui joue des matelas... sous entendu, de billets ! Autrement dit, il parie très gros sur des chevaux qui rapportent très peu ; en général 10 ou 20% de la mise. Vous me direz que majorer son capital de 10% en moins de trois minutes, c'est mieux que la Bourse... certes, mais à la Bourse, vous ne risquez pas de perdre la totalité de votre capital en moins de trois minutes ! Aux courses, il suffit qu'un de ces fameux « coups sûrs » termine 4ème pour que vous soyez ruiné. Dès lors, il vous faut dix coups gagnants... rien que pour reconstituer votre capital. Si cela vous tente.... Admettons que vous soyez prêt à courir ce risque, les chevaux qui méritent un tel investissement ne courent par les rues. Au trot, il faut des sujets qui ne commettent jamais d'incartades, en obstacle des sauteurs hors pair (et encore... la chute d'un autre sous leurs jambes peut les faire tomber) et au galop, des pur-sang dont la supériorité est avérée comme MIESQUE, LAMMTARRA, PEINTRE CELEBRE, ROCK OF GIBRALTAR, DALAKHANI, ZARKAVA et quelques rares autres qui, durant toute leur carrière, n'ont jamais fini plus loin que 3ème. Cette forme de jeu s'assimile au professionnalisme, éliminant tout caractère ludique. Pourquoi ? Parce que les chevaux en question sont les favoris de tout le monde ; il n'y a donc aucune originalité à les jouer, aucune satisfaction personnelle qui confine à l'unicité : j'ai trouvé la solution, pas toi ! Parce qu'il ne faut rien laisser au hasard et s'entourer de toutes les précautions et autres vérifications possibles, un peu comme le commandant de bord qui procède à sa check list avant le décollage : se rendre à l'écurie le matin de la course, voir auprès du lad si le cheval a bien dormi, bien mangé, vérifier s'il a bien uriné avant la course, etc. C'est un travail à temps complet, sans sécurité sociale ni assurance chômage !...

Dix septième conseil : PEUT-ON DEVENIR JOUEUR PROFESSIONNEL ?

La transition est toute trouvée puisque le « matelassier », comme nous l'avons vu, s'apparente à un pro. A la question de savoir si l'on peut devenir un joueur professionnel, la réponse est évidemment oui puisque nous sommes dans un pays libéral, soi-disant démocratique, où toutes les activités qui entrent dans le cadre de la Loi sont permises. Or, aucune loi ne vous interdit de jouer aux courses et aucune autre d'en faire votre gagne-pain. Maintenant, à la question de savoir s'il est souhaitable de devenir joueur professionnel, la réponse est non. Du moins, est-ce mon avis... et je le partage, comme dirait un de mes amis. Bien entendu, ce niet quasiment stalinien nécessite quelques explications ; les voici !
J'ai connu un vieux turfiste, personnage atypique et haut en couleur, qui a élevé une famille de neuf enfants avec les courses. Sans aucune protection sociale ! C'était possible durant les « trente glorieuses » ; ça ne l'est plus aujourd'hui. Pourquoi ? Pour une raison très simple : la surinformation. Le pari mutuel est basé sur le principe des vases communicants ; ce sont les perdants qui nourrissent les gagnants. Dans les années 50-60, il n'y avait ni internet ni téléphone portable ni vidéo ni télévision ou lorsqu'on y voyaient des courses, les chevaux ressemblaient à des mouches... bref, aucun moyen de disséquer une épreuve si l'on n'était présent sur l'hippodrome avec une bonne paire de jumelles et un sacré coup d'œil ! Par ailleurs, les pronostiqueurs ou ceux qui se prétendaient tels n'étaient autres que des pseudo-journalistes éprouvant une vague passion pour le cheval ou pour le jeu et dont on ne savait que faire. Souvent parachutés par une relation au grand soulagement de papa ! En résumé, les gens jouaient n'importe quoi et les rares connaisseurs se partageaient le gâteau. Avec la vogue du tiercé vers la fin des années cinquante, inutile de vous dire que le gâteau était très... crémeux ! Tout en respectant les précautions d'usage, susmentionnées dans le chapitre précédent, il était donc possible à un turfiste assidu et connaisseur de gagner agréablement sa vie. Pourquoi n'est-ce plus possible aujourd'hui ? Pour la raison inverse, pardi ! Le développement conjoint de l'information (celle-ci étant devenue de qualité) et de la communication fait que même un aveugle sourd et muet connaît le bon cheval s'il veut seulement se donner la peine de le chercher un peu. Dès que la logique est respectée, les gagnants sont donc légion, le « gâteau » est partagé en miettes et le vrai connaisseur ne tire pratiquement plus rien de son expertise. Audiard dirait qu'il partage avec les caves !
Le « métier » n'est donc plus rentable. CQFD.

Dix-huitième conseil : LA « MUSIQUE ».

On appelle « musique » le récapitulatif chiffré des dix dernières performances du cheval. Exemple : 0p-2p-4p-8p-5o-2o-7o-0p (09) 3p-0p. Le chiffre représente le classement (0 = non placé, c'est à dire : pas dans les huit premiers) et la lettre minuscule, la spécialité : p = plat et o = obstacle. Le changement d'année est entre parenthèse, (09) signifiant le passage de l'année 2009 à 2010.
La « musique » vous permet de juger, d'un rapide coup d'œil, les plus récentes performances des concurrents. Elle peut aussi vous montrer, en filigrane, la courbe de forme d'un cheval, son tempérament et sa fiabilité, voire son biorythme, si vous y connaissez quelque chose. En quelques secondes, sans tenir compte de la valeur intrinsèque, vous saurez si vous avez affaire à un cheval régulier, intermittent ou insaisissable. Le sujet régulier répète ses performances (1-2-1-4-3-2 etc.), l'intermittent les alterne (1-0-2-0-4-8-3 etc.) et l'insaisissable produit une bonne performance sur cinq ou six (0-0-9-0-0-1-0-0-0 etc.). Il existe ensuite des « sous divisions », notamment avec des chevaux dont on arrive à déterminer qu'ils font une bonne course sur trois ou sur quatre... bref, la « musique » est parfois riche d'enseignement et fait gagner du temps aux turfistes qui ne disposent pas du temps matériel pour faire un « papier approfondi » .
L'étude du passé : L'étude du passé d'une course peut parfois vous apporter de précieuses indications mais il faut les manier avec prudence en sachant bien que l'hippisme, comme n'importe quel autre sport, est en perpétuelle évolution. Ce qui était vrai hier, ou même avant-hier, ne l'est pas forcément aujourd'hui et ne le sera peut-être plus demain. Il n'en demeure pas moins que l'étude du passé peut nourrir l'esprit des statisticiens, autant qu'elle peut mettre en exergue la forme saisonnière quand un même cheval participe plusieurs fois à la même course (cela se produit fréquemment en obstacle). Certains journaux spécialisés ont une ou plusieurs rubriques qui « explorent le temps ». A vous de trouver celles qui vous conviennent le mieux.

Dix-neuvième conseil : LA PRESSE HIPPIQUE.

La presse hippique est devenue très professionnelle, surtout dans le domaine technique où elle n'a rien à envier à son homologue britannique, qui fait référence. Sur le plan rédactionnel, elle n'est malheureusement pas à la hauteur, beaucoup de nos prétendus journalistes n'ayant pas le niveau exigé par cette profession dans les autres matières.
Comment utiliser la presse hippique ? Je ne vous suggérerai pas de suivre un pronostiqueur, vous n'avez pas besoin de moi pour cela. Essayez plutôt d'utiliser la presse hippique comme un indicateur. En deux mots : vous voulez gagnez gros ? Identifiez les favoris et éliminez-les (enfin, pas tous quand même...) ! Vous préférez gagner souvent et peu ? Faites la même chose mais au lieu d'éliminer, sélectionnez les éléments fiables. La plupart des journaux ayant une rubrique hippique publient un récapitulatif de plusieurs de leurs confrères. Inspirez-vous en pour appréhender la tendance et construire votre jeu autour de l'espérance de gains souhaitée.
Quid des pronostiqueurs ? Mon but n'est pas de cracher dans la soupe, mais il faut dire la vérité : beaucoup sont des imposteurs... et je ne parle pas des audiotels surtaxés vantant les mérites de spécialistes bidons, surfant sur la crédulité publique ! Devenir pronostiqueur ne requiert aucun diplôme et n'implique aucune sanction. N'importe qui peut donc s'improviser pronostiqueur, tirer des numéros dans un chapeau et prospérer benoîtement dans un métier où la frontière est floue entre la compétence et l'incompétence. J'entends par là que nous sommes dans le domaine de l'aléatoire et qu'un pronostiqueur compétent travaillant d'arrache-pied (j'en connais !) peut se faire voler la vedette par un escroc qui fait ses pronos devant la télé, dans son salon ! C'est la raison pour laquelle il n'existe aucune qualification pour exercer ce métier où l'on trouve le pire et le meilleur... car le meilleur existe et nul doute que vous saurez l'identifier après avoir lu ceci. Ce n'est pas très difficile, en fin de compte, de démasquer les imposteurs. Il existe de véritables experts et il n'est pas nécessaire d'en être un soi-même pour les reconnaître ! Seulement voilà, ce ne sont pas forcément eux qui vous feront gagner... a fortiori parce que tout le monde les suit et qu'ils font baisser la cote.
Comment gagner avec un pronostiqueur ? Certainement pas en suivant ses pronostics aveuglément. Contrairement à la presse française, la presse britannique classe ses pronostiqueurs selon leurs gains. Constat affligeant : l'énorme majorité affichent un déficit en fin d'exercice. Ça ne vous donne évidemment pas envie de les suivre. En France, on vous claironne qu'untel ou untel vous l'a ENCORE donné, sans préciser évidemment si vous êtes gagnant ou perdant en ayant suivi son pronostic toute l'année. Quand un pronostiqueur fait la « une » de son journal ou de sa rubrique pour avoir donné un quinté de plusieurs milliers d'euros en huit chevaux... savez-vous simplement combien il vous en coûterait de suivre ce pronostiqueur toute l'année en jouant SON quinté de huit chevaux ? 365 X 112 euro = 40.880 euro. Connaissez-vous beaucoup de turfistes qui ont un budget annuel de plus de 40.000 euro ?
La seule manière sérieuse de suivre un pronostiqueur, c'est de faire comme s'il était un cheval ! Et oui... sur un panel de vingt pronostiqueurs, essayez de déterminer la période de forme, la régularité, les spécificités (rigoureux, théorique, original ou risque-tout) de chacun, les petites manies, bref... faites « le papier » de chaque pronostiqueur. Ensuite - et c'est à mon sens la seule façon intelligente de suivre un pronostic - profitez de la compétence de chacun (les plus sérieux vont aux courses tous les jours, pas vous !) pour mettre en relief la petite différence qui vous fera gagner. Exemple : le cheval qui ne figure dans aucun pronostic... sauf dans celui d'un pronostiqueur dont le sérieux et la compétence sont avérés. C'est avec des petits « trucs » comme celui-là que vous dénicherez le (ou les) trouble-fête du quinté.

Vingtième conseil : LA PREMIERE FOIS.

C'est tout simple : le cheval qui court « à réclamer » pour la première fois, le cheval qui porte des œillères pour la première fois ou, au trot, le cheval déferré pour la première fois et le bon cheval attelé qui participe à une épreuve sous la selle pour la première fois sont tous des gagnants potentiels. Ça ne s'explique pas, c'est juste empirique. Je vous rappelle que les courses ne sont pas une science exacte !
Corollaire de la première fois : LES ECARTS. Là aussi, nous nageons dans le grand bassin de l'empirisme mais force est de reconnaître que lorsqu'un jockey ou un entraîneur de renom rompt un gros écart (l'écart est le nombre de courses auquel un professionnel participe sans gagner), ce qui revient à dire qu'il regagne pour la première fois, il se met à enfiler les succès. Si vous suivez cette constatation (on ne peut décemment appeler ça une méthode), soyez aux aguets !

CONCLUSION :

La meilleure conclusion tient en quatre mots : A vous de jouer ! Toutefois, je voudrais profiter de ce dernier chapitre pour répondre à une question qu'on me pose souvent : « Jouez-vous vos pronostics ? » Je vais d'abord répondre à sa « petite sœur » qu'on me pose aussi régulièrement : « Jouez-vous ? » La réponse est oui parce qu'avant d'être journaliste, j'étais turfiste... et parce que je le suis resté. Et puis, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse être un boucher végétarien... si vous me passez la comparaison. La question qui suit est généralement : « Gagnez-vous ? » La réponse est la même que celle des autres turfistes : ça dépend des années, il y en a de bonnes et de moins bonnes... mais que je gagne ou que je perde, ça ne change strictement rien à ma vie. Je conçois le jeu comme une distraction, certainement pas comme une addiction et je vous ai dit plus haut ce que je pensais du jeu professionnel. Quant à jouer mes pronostics, j'y viens ! Il est évident qu'être pronostiqueur et ne pas jouer les chevaux qu'on conseille à ses lecteurs participe de la plus grande malhonnêteté. Maintenant, il me reste à vous dire « merde ». Au fait, savez-vous d'où vient cette expression ? Au 19ème siècle, quand il n'y avait que des transports hippomobiles, les circassiens et les gens du spectacle émettaient mutuellement le souhait de voir beaucoup de... merde dans la cour de leur cirque ou de leur théâtre. Cela voulait dire que l'assistance serait nombreuse.





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