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Conseils de Jean-François Pré
23 février 2010 - 15h45 par
Jean-François Pré
Jean-François Pré met son expérience
au service de tous les parieurs. Il vous livre ses conseils avisés
en toute transparence.
" je perde, ça ne change strictement rien à ma vie. Je conçois le jeu comme une distraction, certainement pas comme une addiction"
Premier conseil : LES TUYAUX.
Ils sont à fuir comme la peste !
Deuxième conseil : LA FORME.
Elle concerne avant tout le cheval
(c'est lui qui a les jambes) mais elle se décline aussi avec
l'écurie, l'entraîneur, le jockey et même le pronostiqueur...
Seizième conseil : LES COUPS SURS.
Les coups sûrs, ça n'existe pas !
Conseils de Jean-François Pré
23 février 2010 - 15h45 par
Jean-François Pré
Jean-François Pré met son expérience
au service de tous les parieurs. Il vous livre ses conseils avisés
en toute transparence.
Introduction
Si vous pensez lire un mystérieux
grimoire qui fera de vous un millionnaire, cliquez vite sur une autre
rubrique ou quittez le site ! Ces messages sont le fruit d'une longue
expérience que Confucius compare à « une lanterne qui n'éclaire
que le chemin parcouru. » Or, le parieur a toujours les yeux tournés
vers l'avenir, autrement dit : le chemin à parcourir. Hélas, il
n'existe aucune lanterne qui éclaire ce chemin là ! Toutefois, pour
reprendre la parabole « confuciusienne », la première lanterne
sera toujours plus précieuse que l'obscurité totale. D'où
l'utilité de ces messages.
Attention ! Ceci n'est pas un évangile
et je ne suis pas un apôtre. Encore moins Jésus Christ ! Je sais
que les courses sont une religion et que le turfiste est un grand
dévot... mais si vous gagnez en suivant ces messages, ce sera grâce
à votre travail et à vos déductions. Je n'aurai fait qu'aiguiller
votre regard... ce qui n'est déjà pas mal.
Premier conseil : LES TUYAUX.
Ils sont à fuir comme la peste !
Pourtant, la grande presse en fait ses choux gras et les parieurs les
gobent comme des cacahuètes. Le tuyau a une connotation mystique :
on le décrie, on le brocarde, on le tourne en ridicule sur la place
publique... mais au fond de soi, on y croit. Eh bien justement, n'y
croyez pas ! Entrez sur un hippodrome avec des boules Quies dans les
oreilles ! Ne croyez que vos jumelles, fiez-vous à votre mémoire, à
votre sens de l'observation, à vos analyses... jamais aux précieuses
confidences qui polluent les tribunes.
Même les renseignements puisés à la
source s'avèrent désastreux. Le jockey qui monte un cheval au pied
levé ne sait généralement rien de lui. S'il l'a galopé le matin,
il en sait davantage... mais beaucoup de nos plus fines cravaches
sont de piètres juges. Quant à l'entraîneur, plus on approche de
l'heure H, plus il se fétiche ; il peut vous dire le contraire de ce
qu'il pense. Dans le cas contraire, il se trompe aussi souvent que le
cavalier ! Si je vous disais la fréquence de leurs erreurs (dans un
sens ou dans l'autre), vous seriez atterrés ! N'allez pas croire que
je les traite de menteurs - même si certains ne disent pas toujours
la vérité - mais vous connaissez la formule : Rien de tel qu'un
cheval pour vous faire passer pour un imbécile. Ne soyez pas cet
imbécile et si vous l'êtes de temps en temps (c'est inévitable...
j'en sais quelque chose !), ne vous en prenez qu'à vous-même !
Deuxième conseil : LA FORME.
Elle concerne avant tout le cheval
(c'est lui qui a les jambes) mais elle se décline aussi avec
l'écurie, l'entraîneur, le jockey et même le pronostiqueur... et
oui ! La forme physique est scientifiquement avérée, médicalement
mesurée, mais la forme tout court est un concept aussi nébuleux que
la loi des séries, à laquelle elle semble rattachée. Pourquoi un
entraîneur ou un jockey se met-il coup sur coup à gagner toute une
série de courses ? Pourquoi un pronostiqueur va vous indiquer cinq
ou six quintés d'affilée et puis plus rien ? Mystère... c'est
inexplicable. Ne cherchez donc pas à comprendre l'insondable ; vous
n'avez qu'une seule chose à faire : en profiter ! Si vous êtes très
perspicace, vous parviendrez même à anticiper la période de forme
d'un entraîneur ou d'un jockey. Au premier frémissement, à la
première victoire, vous saurez l'identifier. Pour ne pas dilapider
vos gains, il faudra aussi que vous « sentiez » la fin de cette
période.
Chez le cheval, il est un adage
relativement fiable : la forme prime la classe. Bien sûr, cela vaut
pour des chevaux de même catégorie, mais il est souvent préférable
de choisir le supposé moins bon qui vient de gagner, plutôt que
celui qui a la meilleure valeur théorique mais dont les résultats
récents sont effacés. N'oubliez jamais la forme saisonnière ! Les
chevaux atteignent souvent leur meilleur rendement à une période
bien définie de l'année. Une fois que vous l'aurez identifiée,
vous n'aurez plus qu'à l'attendre. Neuf fois sur dix, ça paye !
Méfiez-vous enfin de la deuxième
course après une longue absence, surtout si elle est bonne ! Il
s'ensuit généralement un « retour de manivelle », d'autant plus
préjudiciable que le cheval en question part souvent favori. Cette
règle s'applique surtout en plat... moins en obstacle et au trot.
Troisième conseil : PRESENTATION DU
CHEVAL.
Certains turfistes ne vont jamais au
rond de présentation, préparant leur jeu sur la seule étude du
papier, d'autres axent tout sur l'observation du cheval avant la
course. Appartenant à cette dernière catégorie (sans toutefois
négliger le « papier »), je me sens donc autorisé à vous en
parler.
Ce qu'il faut regarder en premier :
Lorsqu'il est présenté au public, le pur-sang doit avant tout être
calme, le poil lisse et sec (attention aux traces de sueur séchée
!). Cela prouve qu'il a bien voyagé et conservé tout son influx
pour la course. Le cheval excessivement nerveux, qui cherche à « se
pointer », à échapper à la main de son lad, ou tout simplement
couvert d'écume, part avec un sérieux handicap. Ne confondez
cependant pas nervosité et gaieté ! Il arrive qu'un cheval se cabre
ou envoie des ruades parce qu'il a envie de s'amuser, de se dégourdir
les jambes... il peut tout simplement avoir hâte d'en découdre !
Dans ce cas, c'est plutôt bon signe. Méfiez-vous des anxieux et des
angoissés ! Ils font de très mauvais athlètes, même s'ils ont les
capacités requises. On les reconnaît au regard, mais il existe
d'autres signes identifiables : les excréments et surtout les
grincements de dents. Parfois, chez les chevaux entiers, on voit
apparaître une « cinquième jambe », en présence de femelles. Il
n'est alors guère difficile d'en déduire que le cheval pense à
tout autre chose qu'à la course !
Mon but n'est pas de vous livrer un
cours d'hippologie (j'en suis d'ailleurs incapable), mais il existe
des paramètres de base que vous devez connaître. Généralement, le
bon cheval est beau... il existe cependant des exceptions.
Contentez-vous de vérifier qu'il a le rein court (et rebondi chez
les sauteurs : on appelle cela la bosse de l'obstacle), le jarret
bas, le canon court et de bons aplombs. Ensuite, regardez-le marcher
! Il est bon qu'il pose ses sabots postérieurs sur les traces des
antérieurs... mais sa démarche doit avant tout être fluide et bien
cadencée. Il est souhaitable que l'encolure soit détendue et même
basse. Si le cheval fouaille de la queue, voyez-y un signe
d'énervement ou de caractère, sauf si, en plein été, il s'en sert
pour chasser les insectes. L'œil vif (regardez bien l'œil du
cheval... il vous parle !) et la robe soyeuse témoignent de la bonne
santé d'un cheval. Il faut que le poil soit court et lustré.
Lorsqu'un cheval fait son poil d'hiver (la bourre), il perd en
condition. Ce n'est pas systématique (dès les premiers frimas, les
chevaux se protègent naturellement) mais il faut s'en méfier. Les
muscles doivent être saillants et bien dessinés. Attention, les
robes alezanes et grises ont toujours moins de « reflets » que les
robes baies, surtout les foncées ! Observez attentivement le moment
où le jockey se met en selle ; il est normal que l'animal réagisse,
mais pas au point de changer radicalement de comportement.
Le modèle : Les chevaux ronds et
trapus, très musclés, râblés, au modèle compact, seront plutôt
destinés à se couvrir de gloire sur les courtes distances, tandis
que les modèles plus longilignes brilleront sur les parcours de
fond. Ce n'est pas une règle absolue mais les chevaux dotés de
petits sabots auront plus de difficultés avec les terrain lourd que
ceux qui ont des « soucoupes ». N'oubliez jamais que le « moteur »
du cheval se trouve à l'arrière, mais sachez aussi reconnaître les
points de force de l'avant-main. De fait, plus le modèle est
harmonieux, plus les différentes parties du corps sont équilibrées,
plus le cheval ressemblera à un athlète avec les performances qui
suivent. Un rein, des jambes, une encolure trop longs ne feront
qu'handicaper l'animal, comme un garrot proéminent sur un dos
ensellé.
Les oreilles : Plus elles sont longues
(surtout chez les femelles) mieux c'est ! Sachez comprendre le
langage des oreilles ! Bien droites chez le cheval volontaire,
tombantes chez le mou, elles traduisent un caractère ombrageux ou
vicieux quand elles sont couchées. Le cheval en éveil au monde qui
l'entoure se reconnaît par le mouvement des oreilles, beaucoup plus
sensibles au son que les nôtres ; chez le cheval, c'est une sorte de
GPS.
Les hennissements : Dans les courses
d'inédits, vous entendez souvent des poulains pousser de longs
hennissements. Cela traduit une angoisse et signifie qu'ils sont
complètement perdus face à un environnement qu'ils découvrent et
qu'ils jugent hostile. Ces chevaux là font rarement l'arrivée. Chez
les mâles d'âge, un hennissement grave, court et plus guttural est
un signe d'appétence sexuelle. Méfiez-vous en car cet étalon
potentiel pense à autre chose qu'à défendre votre argent !
Les bandages : Si certains chevaux ont
les jambes bandées, c'est parce qu'elles sont fragiles ou supposées
telles car les bandages peuvent être utilisés à titre préventif
(principe de précaution). Cela se constate dès que les terrains
commencent à se raffermir. En revanche, le bandage unique (bobo
prévisible) ou les bandages aux postérieurs sont sources
d'inquiétude. En obstacle et au trot, les chevaux portent souvent
des guêtres de protection qui n'ont rien à voir avec l'état de
leurs tendons.
Les œillères : On les fait porter aux
chevaux distraits, peureux ou lymphatiques. Le champ visuel du cheval
est beaucoup plus large que celui de l'homme, son rayon n'est pas
loin des 180° ! La paire d'œillères a dont pour finalité de
l'obliger à regarder devant lui, à se concentrer sur son travail et
à occulter la présence de ses congénères. Lorsqu'un inédit porte
des œillères, c'est très mauvais signe. En revanche, le port
d'œillères pour la première fois chez un cheval expérimenté a
souvent des effets positifs. Dans les journaux spécialisés, on vous
signale toujours le port d'œillères et l'on vous indique si elles
sont portées pour la première fois. Les « œillères australiennes
» (peaux de mouton de chaque côté du chanfrein) ne sont pas
mentionnées ; c'est dommage car il s'agit d'un intermédiaire dont
l'effet n'est pas loin de celui que procure les œillères
classiques.
Je profite de ce paragraphe pour
dénoncer l'ignoble barbarie appelée « leçon d'œillères ». Cela
consiste à frapper violemment un cheval après lui avoir mis une
paire d'œillères, de manière à l'effrayer en vue du jour où l'on
les lui fera porter en course. Ce traitement indigne d'un homme de
cheval est heureusement peu efficace.
Canter et trot d'essai : Le mot canter
vient de l'Anglais to canter qui signifie galoper à une allure
intermédiaire entre le galop de chasse (très petite vitesse) et le
galop de travail. C'est l'allure à laquelle un cheval se rend au
départ d'une course. On appelle improprement canter le trot d'essai
; si l'on tient absolument à utiliser un mot anglais, c'est heat
(chaleur) qu'il faut choisir.
L'observation du cheval au canter est
très instructive. Son action sera belle et déliée, on doit avoir
l'impression qu'il ne touche pas terre. Si le cheval est raide avec
une foulée heurtée, vous aurez raison de l'écarter. Méfiez-vous
des chevaux qui tirent ! Quand l'encolure est longue et bien
détendue, la tête droite et l'encensement régulier, le cheval
affiche une parfaite décontraction, ce qui est toujours préférable
pour un athlète. Les chevaux qui ont une foulée rasante
s'accommoderont mal d'un terrain lourd, au contraire de ceux qui «
piochent », plus à l'aise sur une surface grasse.
Aujourd'hui, vous avez la possibilité
de voir des trotteurs s'échauffer (heats) entre deux courses. C'est
plein d'enseignement mais cela demande une bonne paire de jumelles.
Cinq minutes avant la mise sous les ordres, les concurrents d'une
course prennent un ou deux départs. Là aussi, il est bon de
surveiller les fautifs ou les « mal calés ». Vous pouvez, au
dernier moment, éliminer un cheval de base ou, a contrario, repêcher
un outsider. Il arrive cependant que des chevaux fautifs montrent un
tout autre comportement en course... mais c'est plutôt un signe
négatif.
Quatrième conseil : LE CHOIX DE
L'ENTOURAGE.
Les hommes qui approchent le cheval de
près sont censés le mieux connaître. Voilà pour la théorie...
dans la réalité, il y a les superstitieux, ceux qui se fétichent,
d'autres qui savent et font mine de ne pas savoir et d'autres enfin
qui ne savent rien mais sont prêts à tout vous dire !
L'entraîneur : Sans même le
connaître, vous pouvez deviner l'opinion qu'il se fait de son cheval
à travers ses engagements. En début d'année, découpez les
premières publications des engagements classiques (là où ils sont
encore des centaines à être inscrits) et gardez-les précieusement.
Ils vous seront utiles dans les handicaps, lorsque le choix de
l'entraîneur sera devenu réaliste ; cela n'obture en rien l'estime
qu'il a pour son cheval, manifestée à travers ce rêve ambitieux.
Le choix de l'entraîneur est également capital lorsqu'il doit
choisir entre plusieurs de ses élèves. Si vous voyez une très
bonne chance à un cheval et que son mentor décide de courir l'autre
de l'écurie... le message est clair.
Le jockey : Aujourd'hui, tous les
grands jockeys ont des agents. Les meilleurs d'entre eux essayent de
leur obtenir le plus grand nombre de montes gagnantes (ils sont
rémunérés au pourcentage). Au lieu de suivre les jockeys vedettes,
qui n'ont jamais rien rapporté au parieur, suivez donc les meilleurs
agents... et notamment quand ils s'occupent de jockeys moins connus
qu'ils cherchent à lancer.
L'apprenti : Un bon apprenti avec une
décharge de 3,5 kilos, c'est de l'or en barre ! Dans les courses de
poulains et pouliches (B,C,D,E,F), vous toucherez souvent des
surcotes avec un bon apprenti à décharge, lié à une grande
écurie. Surtout quand celle-ci est doublement représentée et que
le jockey vedette s'assoit sur le favori, écrasé d'argent. Sachez
donc repérer les bons apprentis des grandes écuries et profitez-en
avant qu'ils ne perdent leur décharge !
Le propriétaire : C'est la dernière
personne à qui demander un avis. Il voit son cheval avec les yeux de
Chimène et n'en sait pas plus que le turfiste. Généralement, il
gobe tout ce que lui dit l'entraîneur et quand il ouvre les yeux,
bascule dans l'excès opposé : le rejet systématique. Le
propriétaire est souvent celui qui aime le plus (quoi que...) et
connaît le moins son cheval !
Cinquième conseil : LE CHANGEMENT
D'ECURIE.
Qu'il s'agisse de « réclamers », de
ventes publiques ou à l'amiable, les chevaux changent souvent
d'écurie. Ces changements s'accompagnent souvent de progrès qui
n'ont rien à voir avec la compétence respective des deux
entraîneurs : le sortant et le nouvel élu. Le nouvel environnement,
le changement d'atmosphère ou le retour dans un cadre différent à
la suite d'un long repos peuvent « réveiller » un cheval endormi
par une trop grande routine. Il arrive aussi que des chevaux changent
de main au tout début d'une période de forme exponentielle.
L'ancien entraîneur peut ne pas s'en être encore aperçu et le
nouveau, bénéficiant du travail de l'ancien, révèle les progrès
du cheval sans y être pour quoi que ce soit. N'oubliez jamais que le
cheval nous fait tous (propriétaires, entraîneurs, jockeys,
drivers, pronostiqueurs, journalistes etc.) passer pour un imbécile,
à un moment ou à un autre de notre carrière ! Les plus grands
entraîneurs ont tous vendu des chevaux qu'ils croyaient médiocres
et qui se sont révélés dans d'autres écuries... TOUS !
Les courses « à réclamer » : Vous
savez évidemment que tous les chevaux y sont à vendre, même si
ceux qui les engagent ne sont pas tous vendeurs. Ce sont souvent des
courses idéales pour préparer d'autres objectifs... à condition,
bien sûr, de ne pas se faire prendre son cheval. A cet égard,
suivez les « réclamers » et surveillez bien les chevaux «
défendus », c'est à dire ceux qui sont rachetés par leur
entourage. Sur les conseils de son entraîneur, un propriétaire va
parfois jusqu'à perdre de l'argent - alors qu'il vient de gagner -
pour ne pas laisser partir son cheval sous une autre casaque ! Il y a
aussi des vieux chevaux, spécialistes des « réclamers » dont
personne ne veut parce qu'ils sont trop âgés. Ceux-là n'ont rien à
perdre et ce sont parfois des rentes (pour l'écurie et pour le
parieur), tant ils se montrent réguliers dans leur catégorie.
La méthode : Une méthode tout bête
mais qui obtient toujours un bon pourcentage de réussite : jouez les
chevaux qui courent « à réclamer » pour la première fois ! Ne me
demandez pas pourquoi ça marche... mais ça marche !
Sixième conseil : LE HANDICAP.
Le mot handicap vient de l'expression
anglaise « hand in cap » qui signifie littéralement « main dans
le chapeau ». Cela prouve que les Anglais (inventeurs des courses
qu'ils ont codifées) prêtaient une large part au hasard dans ce
genre d'épreuves. Rien n'a changé ! Dans des lots nombreux et
compacts composés de chevaux de valeur égale (les écarts étant «
rabotés » par la différence de poids), le facteur chance est
déterminant. Il n'y a pas de méthode miracle pour jouer les
handicaps car tous les chevaux sont supposés y détenir une chance
égale. Pour ce faire, les poids sont répartis par des handicapeurs
qui ont pour mission de niveler les valeurs. Certains pronostiqueurs,
dits échellistes parce qu'ils établissent une échelle de valeurs
parallèle, tentent de débusquer les erreurs du handicapeur pour
dénicher un concurrent « lâché au poids ». Ce sont des
théoriciens qui abattent un travail considérable mais la part de
chance est tellement grande dans les handicaps que ce travail est
souvent battu en brèche par les impondérables de la course. Les
handicaps n'ont aucune valeur sportive mais ce sont des réservoirs à
partants (donc à enjeux) qui font vivre toute la filière cheval.
La théorie de l'échelle : Elle
s'appuie sur l'axiome : une longueur = un kilo. Autrement dit, un
cheval qui, à poids égal, en bat un autre d'une longueur, doit, à
leur sortie suivante, porter un kilo de plus pour franchir le poteau
d'arrivée sur la même ligne que lui. Evidemment, nous nageons en
pleine théorie et il est clair que la réalité n'est pas aussi
simple. Pour se rapprocher de la réalité, il convient de moduler ce
théorème selon l'impression visuelle et subjective de
l'observateur, ce que l'ordinateur n'est pas encore capable de faire.
Un cheval qui gagne d'une longueur « en tirant dessus » n'a
évidemment pas la même valeur qu'un cheval qui gagne d'une longueur
« roué de coups ». En outre, tout un chacun sait qu'en terrain
lourd, les écarts se creusent et qu'à l'inverse, en bon terrain, on
assiste généralement à des arrivées serrées. Cinq longueurs en
terrain « défoncé » peuvent équivaloir à une grande encolure
sur une surface normale. Il faut donc tout relativiser et savoir que
la règle... c'est qu'il n'y a pas de règles. Fiez-vous à vos
jumelles, ce sont les meilleures conseillères !
La pénalité : La pénalité pour une
victoire peut aller de rien à cinq kilos, rarement plus (la moyenne
se situe à 3.5 kilos). Tout dépend du niveau de la course, de sa
facilité de la victoire, de la valeur des battus et parfois... de la
tête du client. Il s'agit d'une zone sensible qui prête à toutes
les polémiques. Dur métier que celui de handicapeur ! Cet homme
passe sa vie à se faire interpeller (pas toujours avec courtoisie)
par des entraîneurs mécontents.
La référence : On l'a vu, chaque
cheval se voit attribuer une valeur théorique. Comme le poids de
base est de 51 kilos (62 en obstacle), un cheval pris en valeur 30 ne
pourra courir qu'un handicap dont la référence minimum est 21. La
référence est par conséquent le poids que l'on ajoute à la valeur
du cheval engagé. Notre cheval de valeur 30 portera donc le poids de
base de 51 kilos et le cheval de valeur 35 en portera 56. Plus la
valeur du handicap est basse, meilleur est le lot ; c'est aussi
simple que cela.
Les tricheurs : La notion de handicap
est une invite à la triche. Le cheval régulier, qui fait toujours
sa course, ne verra jamais son poids baisser. C'est au mieux un
éternel placé en puissance. A l'inverse, comme au golf (où le
handicap ne concerne que les amateurs de bas niveau), certains
chevaux se voient attribuer des valeurs qui ne correspondent pas à
leur qualité réelle. Le jour où ils tombent le masque, il leur est
facile de gagner... souvent à une cote juteuse. Des « shérifs »
sont chargés de surveiller les éventuels tricheurs (ainsi que les
fluctuations suspectes de la cote)... mais comme il est impossible de
prouver quoi que ce soit, leur action est inefficiente. Aux courses,
les délits d'initiés sont tacitement admis ; on appelle cela des
tuyaux et tout le monde cherche à en avoir !
En vérité, dans un contexte
économique difficile, la plupart des entraîneurs ramassent ce
qu'ils peuvent ramasser, même s'il s'agit de miettes. Les gros
handicaps, supports de quintés, sont grassement dotés et les sept
premières places sont payées. Sachant qu'il vaut mieux tenir que
courir, peu d'entre eux se risquent aujourd'hui à faire le tour...
sauf s'ils ont des propriétaires patients, capables de payer 2000
euro par mois dans l'attente d'un gain hypothétique. Dans les années
soixante (époque de grande prospérité pour le sport hippique), il
en allait différemment. De rusés préparateurs étaient connus pour
leur habileté à « viser » un gros handicap avec un cheval restant
sur des performances médiocres. Ces professionnels ont pratiquement
tous disparu. Il se peut aussi que des jockeys, agissant pour le
compte d'un tiers, fassent le tour (c'est à dire, retiennent leur
cheval) sans que l'entourage ne le sache. Le jockey est, en effet,
moins sensible aux pressions économiques... et il peut l'être au
chant de sirènes peu vertueuses. Dans les pays asiatiques, ce type
de comportement - quand il est avéré - est TRES durement
sanctionné. Au pays des Droits de l'Homme, on ferme pudiquement les
yeux. Nos autorités hippiques sont des adeptes de la Méthode Coué
: tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cela me rappelle
les articles de certains confrères inféodés au système qui,
jadis, commençaient tous par : « Beau temps, bon terrain, foule
nombreuse... ».
Septième conseil : LA COTE.
Elle est l'illustration hippique du
principe des vases communicants. Plus un cheval est joué, plus sa
cote baisse et plus celle des autres remonte. La cote d'un cheval se
détermine par le rapport de la masse des enjeux (délestée des
prélèvements légaux) avec la somme d'argent qui est parié sur sa
chance. Si l'on dit qu'il est à 8/1, cela signifie qu'il rapportera
8 fois la mise plus la mise. Autrement dit, notre cheval payera 18
euro pour deux euro de mise. Quand les enjeux globaux sont faibles,
une cote qui baisse est sans signification. En revanche, un jour de
Prix de l'Arc de Triomphe ou de Prix d'Amérique, où les sommes
jouées sont considérables, les fluctuations doivent être observées
de près car elles sont le fruit de très gros investissements.
La répartition. Le tableau de
répartition des enjeux, auquel vous avez accès sur chaque
hippodrome, peut être très instructif. Normalement, un cheval est
deux fois plus joué placé que gagnant. Quand les mises gagnantes et
placées sont à parité (a fortiori quand il y a plus d'argent joué
gagnant), c'est un signe !
Cote du matin, cote de l'après-midi.
Autrefois (il n'y a pas si longtemps, en vérité), les paris du
matin représentaient 90% de la masse. Les fluctuations de la cote,
l'après-midi, étaient donc réellement significatifs. Aujourd'hui,
les valeurs sont inversées et la cote du matin ne veut pratiquement
plus rien dire (un favori à 1/10 peut finir à plus d'égalité et
un gros outsider peut voir sa cote baisser de moitié). Les
fluctuations sont néanmoins toujours parlantes... mais dans les
toutes dernières minutes.
Huitième conseil : LES CHEVAUX A
SUIVRE.
Si vous êtes bon observateur et que
vous vous rendez fréquemment sur les champs de courses,
constituez-vous un fichier ou un bloc note sur les chevaux que vous
aurez remarqués (les « notes » comme on les qualifie dans le
jargon journalistique) avec - si vous êtes un gros travailleur et
que vous disposez de la documentation nécessaire - la date de leurs
prochains engagements. Vous aurez l'impression d'être propriétaire
d'une petite écurie et chaque cheval vous deviendra familier.
Les pièges dans lesquels il ne faut
pas tomber : 1) Ce n'est par parce qu'un cheval finit à deux mille à
l'heure qu'il sera nécessairement meilleur sur une plus longue
distance. 2) Un cheval enfermé donne toujours l'impression d'aller
plus vite que les autres ; sachez reconnaître celui qui a vraiment «
du gaz » de celui qui n'en a pas ! Celui qui, par exemple, donne
l'impression d'aller très vite parce qu'il tombe sur des "morts"....
Dès qu'il bénéficiera d'un bon parcours, ce dernier se dégonflera
comme un ballon de baudruche et votre argent partira en fumée. 3) Le
cheval qui a fait l'objet d'une « note » a souvent produit un gros
effort pour se faire remarquer ; il risque donc de le payer à sa
sortie suivante et vous devez vous attendre à ne le voir répéter
cette belle impression visuelle qu'une ou plusieurs courses après.
4) Méfiez-vous des malchanceux, ces « bêtes à chagrin »
auxquelles surviennent toujours d'impossibles mésaventures ! Même
s'ils ont un peu de qualité, ce sont des « pompes à fric » qu'il
vaut mieux rayer une fois pour toutes de vos carnets. 5) Les tuyaux
peuvent être des bombes à retardement. Evitez au maximum de prêter
l'oreille aux tuyaux mais si vous le faites, dites-vous bien que le
tuyau peut être crevé le jour où l'on vous le donne et devenir
rentable un mois plus tard. LES CHEVAUX NE SONT PAS DES MACHINES. Si
leurs capacités sont avérées, ils le montreront tôt ou tard mais
pas forcément le jour où l'on s'attend à les voir le faire.
Neuvième conseil : CHOISIR SON PARI.
Voilà le conseil le plus difficile à
donner ! On peut être le meilleur pronostiqueur du monde et perdre
de l'argent, comme on peut ne rien connaître aux chevaux et se
remplir les poches. Trouver le bon cheval est une chose, savoir le
jouer en est une autre. Exemple : Vous sélectionnez deux chevaux qui
se classent respectivement 4ème et 5ème. On ne peut guère dire que
le pronostic soit bon et d'ailleurs, si vous les avez joués, vous
perdez dans toutes les formes de pari... sauf une : le quinté, en
ayant eu la bonne inspiration de faire un champ de vos deux chevaux.
Cet exemple anodin montre combien il est difficile d'opter pour une
forme de pari ou une autre, dès lors qu'on a choisi ses chevaux. A
l'extrême opposé, on peut se dire que le jeu simple est la
meilleure des solutions... mais imaginez qu'en jouant un cheval
gagnant sec, vous soyez battu d'un nez par l'adversaire que vous
craigniez le plus ! Pourquoi alors n'avez-vous pas pensé à faire le
couplé ?
Dans ce domaine, où l'on s'éloigne du
sport hippique, il n'y a pas vraiment de conseil à donner, si ce
n'est celui-là : suivez votre sensibilité, trouvez la catégorie à
laquelle vous appartenez et ne vous en écartez jamais ! Aimez-vous
miser gros sur des favoris ou petit sur des outsiders ? Aimez-vous
gagner peu mais souvent ou plus occasionnellement des sommes
conséquentes ? Désirez-vous parier sur toutes les courses ou
attendre celles que vous « sentez » bien ? A toutes ces questions
et à bien d'autres, il vous faudra trouver une réponse vous-même...
je ne puis me mettre dans votre peau. Si vous n'êtes pas un joueur
compulsif, vous saurez néanmoins que les courses restent une
distraction et que la visite des hippodromes vous sera toujours
bénéfique en bien-être plus qu'en espèces sonnantes et (surtout)
trébuchantes. C'est un moyen de se vider la tête, tout en gardant
ses facultés en éveil : mémoire, sens de l'observation,
psychologie, capacité à la synthèse, au tri des informations,
analyse ordonnée, prise de décision rapide, élimination des
mauvaises influences, concentration permanente sans perdre le sens du
contact... voilà quelques unes des qualités que la fréquentation
des hippodromes développe, tout en vous faisant oublier vos soucis
quotidiens. Pourquoi croyez-vous qu'il y ait tant de gens âgés sur
les hippodromes ou dans les Points Courses ? Parce que c'est une
activité de vieux ? Parce que beaucoup de retraités s'y adonnent ?
Non. Tout simplement parce que les activités cérébrales permettent
de mieux vieillir.
C'est aujourd'hui une vérité
scientifique !
Dixième conseil : LES HIPPODROMES.
Le plat se différencie du trot et de
l'obstacle par le nombre de pistes différentes que doivent emprunter
ses acteurs. Ce n'est peut-être plus entièrement vrai aujourd'hui,
avec la délocalisation, mais un pur-sang est quand même soumis à
plus de variété qu'un trotteur dont la carrière d'adulte (une fois
le « métier » appris sur les petits champs de courses de province)
naviguera entre trois ou quatre grands hippodromes nationaux :
Vincennes bien-sûr, puis Enghien, Cagnes et éventuellement Vichy ou
Caen, les deux seuls grands hippodromes (avec Cabourg l'été) où
l'on tourne à droite. Le cheval d'obstacle de niveau national ne va
guère s'éloigner d'Auteuil ou d'Enghien, s'il préfère les
parcours plus coulants, de Cagnes ou de Pau l'hiver, voire de
Clairefontaine ou de Craon, en période estivale. A l'inverse, le
spécialiste du plat doit être très éclectique. On lui demande de
courir en ligne droite, de courir à main gauche ou à main droite,
de monter, de descendre, de fouler des pistes plus ou moins fermes
l'été ou plus ou moins grasses l'hiver, etc. Cela demande beaucoup
de maniabilité et tous les chevaux, bien entendu, ne se prêtent pas
au jeu. Chaque hippodrome a donc ses spécialistes et l'on doit donc
en connaître les spécificités.
1) LE PLAT : Longchamp : C'est le roi
des hippodromes, le temple du galop. On raille fréquemment Longchamp
pour son manque de partants (quoi qu'aujourd'hui, avec la création
du trio ordre, ce déficit ne soit plus vraiment préjudiciable au
parieur), mais son programme est exclusivement axé sur la sélection
; comment voulez-vous que le haut de la pyramide soit aussi large que
ses fondations ? On ne gagne JAMAIS à Longchamp en galopant « nez
au vent » dans la descente ou dans la fausse ligne droite. Lorsque
le terrain est bon et que la lice est à zéro (cela signifie que la
corde de protection, une espèce de garde-fou balisant la piste et
protègeant une portion d'herbe qui serait labourée par les sabots
si elle ne l'était pas, est retirée), la place à la corde peut
avoir son importance, notamment sur les 1600 mètres de la moyenne
piste. Les chevaux bénéficiant d'un petit numéro sont avantagés
car il vont fouler une portion d'herbe sinon vierge du moins
préservée. Les petits numéros à la corde sont tout aussi
avantageux dans les courses sans train ; de fait, dans ce type de
courses, il faut impérativement s'intégrer au peloton de tête le
plus rapidement possible et l'on doit profiter d'un train de sénateur
pour le faire. A l'inverse, dans les épreuves rondement menées, les
chevaux de tête vont difficilement au bout ; surtout en terrain
lourd. SACHEZ ANALYSER ET TENIR COMPTE DE TOUS CES PARAMETRES !
Chantilly : C'est à Chantilly que naquirent les courses telles qu'on
les connaît aujourd'hui, la Société d'Encouragement (ancêtre de
France Galop), le Jockey club et la codification du sport hippique.
Auparavant, on courait un peu partout et sans aucune autre règle que
celle des combats singulier entre gentilshommes. Chantilly et ses
communes avoisinantes (Lamorlaye, Gouvieux, Avilly St-Léonard), ce
sont aussi un gigantesque centre d'entraînement de 400 hectares
(dont 120 kilomètres de pistes en sable) qui héberge 2800 chevaux,
sous la responsabilité d'une centaine d'entraîneurs génèrant 2000
emplois directs ou indirects. Sur l'hippodrome des Princes de Condé,
la montée de « La Mère Marie », à mi ligne-droite, est un
célèbre « coupe-jambes » qui met en exergue le courage des
chevaux et l'astuce de certains jockeys sachant que dans les derniers
200 mètres (plats, ceux-là), tout est encore possible. Places à la
corde : petits numéros par bon terrain, sur 1600 mètres.
Saint-Cloud : Une des pistes les plus stables de France. Hiver, été,
pluie ou sècheresse, elle ne « bouge » pas ; un vrai tapis de
velours pour les pur-sang. Lice à zéro et par bon terrain, les
petits numéros de corde sont importants sur tous les parcours de
1600 à 2400 mètres. Maisons-Laffitte : Centre d'entraînement, lieu
historique (le banquier Laffitte, Degas, etc.), culture du cheval...
mais hippodrome bizarre. L'ancien parcours corde à droite, même
avec une ligne droite interminable, privilégiait les chevaux qui
s'appuyaient sur le rail. Ce parcours est en réfection et il n'y a
pas de véritables statistiques sur la petite piste. Aucune règle en
ce qui concerne la corde à gauche, même si la ligne droite est très
courte... quant aux sprints en ligne droite (11-1200 mètres), par
terrain sec, on peut assister à une prédominance des petits numéros
de stalle. Comme Longchamp, Maisons-Laffitte est situé en bordure de
Seine. Comme à Longchamp et plus encore qu'à Longchamp, quand le
terrain est lourd il est très lourd et quand il est ferme... on
l'arrose ! Deauville : Comme si la proximité du groupe Barrière,
qui fait vivre la cité balnéaire, l'avait influencé...
l'hippodrome de La Touques a tout d'une table de roulette. Le hasard
y règne en maître et il n'existe aucune règle. Tantôt les courses
se gagnent côté corde, tantôt elles se gagnent à l'extérieur.
Tantôt, on peut triompher de bout en bout, tantôt les positions
changent cinq ou six fois en 400 mètres de ligne droite. Quant à la
fameuse PSF, piste en sable fibré (une merveille technologique),
elle répond à la même absence de règles. Disons simplement
qu'elle est prévue pour être bonne l'hiver ; en été, elle est
plus huileuse et avantage - dit-on - les chevaux de terrain lourd.
Quoi qu'il en soit, c'est un régal pour les jambes des chevaux. La
PSF de Deauville a ses spécialistes, le plus célèbre d'entre eux
étant JOKARI (14 victoires... à l'heure où j'écris). Lesdits
spécialistes sont d'une régularité étonnante, de vrais métronomes
sur ce parcours. Parfois, ils ne mettent pas un sabot devant l'autre
sur le gazon (surtout s'il est lourd) et se retrouvent subitement sur
le sable. Dans les quintés, il faut en faire automatiquement des
bases ; c'est le seul point d'appui mais il est solide !
Fontainebleau : Ecrin de verdure en pleine forêt. Piste magnifique
et toujours très bonne (sous sol en bruyère) avec une longue ligne
droite qui finit en montant. Très sélectif. Aucune caractéristique
particulière quant à la place à la corde. Compiègne : Nombreuses
similitudes avec Fontainebleau (forêt, ligne droite qui finit en
montant, corde à gauche) si ce n'est que, par bon terrain, il est
IMPERATIF d'avoir un petit numéro à la corde ! Vichy : Hippodrome
plat avec une longue ligne droite. Très régulier, tous les chevaux
y ont leur chance. Beaucoup d'entraîneurs préparent leurs chevaux
pour la Grande Semaine, à la mi-juillet. Les Lyonnais et les
Marseillais y font souvent une razzia. Cagnes : C'est purement un
hippodrome saisonnier. Sa piste en herbe n'est pas la meilleure du
monde, mais elle s'est améliorée. Il n'y a aucune règle à
observer si ce n'est celle qui consiste à jouer les spécialistes du
meeting d'hiver. C'est valable pour le plat, l'obstacle... et même
le trot !
2) L'OBSTACLE : Auteuil : C'est
l'hippodrome où IL FAUT gagner, un lieu magnifique, unique au monde
parce qu'intégré à l'enceinte d'une grande capitale. C'est
également le seul champ de courses de la planète accessible par le
métro urbain ! Sur un plan sportif, l'hippodrome de la Butte
Mortemart est très exigeant et éprouvant. Les jeunes chevaux - même
très doués - n'y durent pas longtemps et ceux qui réussissent à y
faire une longue carrière (je pense notamment à AL CAPONE et à son
impensable record de 7 Prix La Haye-Jousselin) sont des « durs à
cuire » qui se sont déclarés sur le tard. Enghien : C'est
l'anti-Auteuil ou, plus exactement, son complément. Il en faut pour
tous les goûts et toutes les aptitudes ! C'est la raison pour
laquelle l'hippodrome du Plateau de Soisy (plus coulant, plus propice
à la vitesse, sur une piste qui n'est jamais franchement lourde) a
ses spécialistes et que les spécialistes en question réussissent
bien mal à Auteuil. Pau : Son meeting d'hiver s'est considérablement
enrichi mais tout le monde n'y va pas. Pau a aussi ses spécialistes
qui, bizarrement, semblent avoir du mal à s'adapter à d'autres
hippodromes, notamment Auteuil. Au mois de mars, on constate
effectivement que les gagnants palois confirment difficilement leur
forme, pourtant avancée, sur la Butte Mortemart. Pau s'est aussi
doté d'une piste en sable fibré qui n'est pas meilleure que celle
de Cagnes et qui ne concerne que les lots modestes. Véritable
originalité de l'hippodrome du Pont-long : son parcours de cross.
Cette discipline - très spectaculaire au demeurant - reste néanmoins
confidentielle. Enfin, il faut savoir que la ville de Pau dispose
d'un grand centre d'entraînement (Sers), mitoyen de l'hippodrome, où
se préparent des sujets de valeur nationale... et internationale !
Cagnes : Petits obstacles, grande vitesse. Ainsi pourrait-on résumer
les courses de Cagnes qui ne concerne qu'une poignée de
professionnels qui préparent ce court meeting (un mois) longtemps à
l'avance, comme Yannick Fertillet, par exemple. Bizarrement, les «
lignes » de Cagnes semblent toutefois meilleures pour Auteuil que
celles de Pau. Craon : C'est un hippodrome d'obstacle « à
l'Anglaise », c'est à dire respectant la topographie du lieu...
superbe au demeurant. Ça monte, ça descend, ça saute... et ça
saute gros ! Mais Craon est principalement célèbre pour son meeting
de la mi-septembre, dit des « Trois glorieuses ». Durant ces trois
jours, la population de cette petite ville de Mayenne doit être
décuplée ! Craon est d'ailleurs l'hippodrome français qui attire
le plus de spectateurs en moyenne ; cela vaut d'être signalé. Pour
l'ambiance, il faut y aller au moins une fois... quant aux obstacles,
c'est l'hippodrome de la tolérance zéro. Pour le plat (petite piste
étriquée avec une courte ligne droite) et le trot (piste en herbe),
l'intérêt de ce joli bijou est moindre.
3) LE TROT : Vincennes : C'est la plus
belle piste de trot du monde. Meuble et rapide, très large,
parfaitement dessinée, elle n'abîme pas les jambes des chevaux,
sans les empêcher d'aller vite. Site unique avec une grande boucle
de 2000 mètres (les pistes étrangère mesurent au maximum 1600
mètres), une montée et une descente dont les meilleurs pilotes
savent se servir. Hélas, face à ce jardin somptueux, le côté cour
ou plutôt tribunes n'est pas à la hauteur. La règle d'or à
Vincennes, comme aujourd'hui sur les autres hippodromes de trot : ne
jamais évoluer trop longtemps « le nez au vent », c'est à dire
sans un adversaire devant vous pour vous couvrir. Il y a vingt ans,
sur l'ancienne piste, un OURASI pouvait tourner autour des autres et
s'imposer « la queue en trompette ». Ce n'est plus possible
aujourd'hui... même avec les champions ! Enghien : L'hippodrome du
Val d'Oise est le complément d'Auteuil pour l'obstacle et celui de
Vincennes pour le trot. Piste entièrement plate, dessinée
géométriquement, assez dure quand tassée par la pluie, pas
toujours très bonne pour les jambes des chevaux. Seul le meeting
d'été (fin juin à la mi-août) présente des courses intéressantes
avec des trotteurs de haut niveau. Cagnes : Long meeting d'hiver avec
de bons chevaux parisiens et scandinaves qui font le déplacement
pour les grands évènements. En ce qui concerne les courses de
série, comme le reste de l'année, c'est une affaire purement
locale. Cabourg : C'est le Deauville du trot... sans le prestige et
la qualité du programme. L'hippodrome est néanmoins très agréable
et ça vaut le coup d'y passer une soirée estivale (animations
nombreuses pour les familles). Caen : Voilà une belle piste,
magnifiquement dessinée, hélas sous-utilisée... sauf pour le
fameux Prix des Ducs de Normandie qui rassemble toujours un lot de
qualité. Paradoxe : nous sommes en plein pays d'élevage et
l'hippodrome est assez peu fréquenté, les Caennais n'étant guère
portés sur le jeu. Le Croisé-Laroche : C'est « l'étoile du nord
», dans la proche banlieue de Lille, une très belle piste aussi qui
mériterait un programme plus huppé. Vichy : Juste avant le galop
(sur le calendrier), vient le trot. La piste est régulière et les
bons chevaux ont intérêt à venir, surtout pour le Grand Schelem.
Comme à Cagnes, hors « Grande semaine » et courses de prestige, ce
sont les locaux qui raflent la mise.
Onzième conseil : LES DEFERRES.
Comment imaginer que quelques centaines
de grammes cloués aux sabots d'un animal d'une demi-tonne puisse
changer quelque chose à sa performance ? Vision surréaliste... qui
pourtant se traduit par la réalité des faits. Comment l'expliquer ?
Tout simplement en démontrant que cet ajout de poids - si minime
soit-il - peut dérégler la locomotion du trotteur qui,
rappelons-le, même s'il est génétiquement programmé depuis le
19ème siècle, n'emprunte pas une allure naturelle. Tous les chevaux
qui se « touchent » à partir d'une certaine vitesse (et donc
raccourcissent leur action sous la douleur) obtiennent parfois un
meilleur « passage » sans ferrure. Dès lors, ils vont plus vite et
améliorent leur performance. Seulement voilà, la corne du sabot
n'est pas inusable. Même le cheval qui a de bons pieds ne pourra
être déferré perpétuellement. Le mâchefer de Vincennes est
corrosif et l'on ne peut laisser indéfiniment la corne sans
protection. Quant aux chevaux qui ont de mauvais pieds, ils sont
devenus aujourd'hui carrément handicapés. N'oubliez jamais le
célèbre dicton anglais : « No foot no horse » (pas de pied, pas
de cheval) !
Quel bénéfice le parieur peut-il en
tirer ? Le parieur doit s'appuyer sur deux paramètres : 90% des
chevaux améliorent leurs performances quand ils sont déferrés et
comme on ne peut le faire à chaque course, les entraîneurs ne
retirent les « chaussures » de leurs chevaux qu'à l'occasion de
leurs meilleurs objectifs. Le déferrage annonce donc la course
visée. Il peut aussi révéler la forme du sujet et la confiance de
son entourage... étant entendu que, même à l'occasion d'un bel
engagement, on ne courra pas le risque de lui abîmer la sole si le
cheval n'est pas prêt à fournir sa meilleure valeur !
Douzième conseil : LES DISTANCES - LE
POIDS - LE SEXE.
Les distances : La distance ne veut
strictement rien dire si la course n'est pas courue à un train
régulier. Si les chevaux vont au galop de chasse jusqu'au déboulé
final de 400 mètres... qu'importe qu'ils aient couvert 2000 ou 3000
mètres ! Quand vous faites « le papier », ce type de performances
doivent donc être jetées aux orties !
Mis à part cela, il est des vérités
qu'il est bon de savoir : les courses en ligne droite ne sont pas
comparables aux courses avec tournant car dans celles-ci, dès
qu'arrive le virage, le cheval raccourcit sa foulée et prend un bon
bol d'air. Sur un parcours rectiligne, il n'a jamais la possibilité
de respirer et court pratiquement en apnée, du départ à l'arrivée.
C'est pourquoi on dit généralement qu'un 1600 mètres en ligne
droite correspond à un 1800 mètres avec tournant. Il faut savoir
aussi que les terrains pénibles (lourd ou collant) rallongent
toujours les distances ; probablement dans la même proportion et
parfois plus. Il existe enfin des parcours spécifiques comme les
1400 mètres de Longchamp, surnommés « le toboggan » parce qu'on
s'élance « à fond les ballons » en descente. Ici, c'est donc le
contraire : 1400 mètres équivalent à 1200.
Le poids : Le poids varie selon l'âge
et le sexe. L'écart pondéral entre un mâle et une femelle sera
toujours le même, mais celui qui sépare le trois ans de ses aînés
variera selon la période de l'année. Il est plus facile à un 3 ans
de battre les « vieux » à l'automne !
Le sexe : Les courses sont le seul
sport où les mâles et les femelles s'affrontent... chose impensable
chez les humains (Maria Sharapova n'aurait aucune chance face à
Roger Federer !). Pour rétablir l'équilibre, en plat, on fait
cadeau de 3 livres au sexe dit faible. Cela suffit-il ? Oui quand on
a affaire à des juments baraquées comme THREE TROIKAS ou
TRYPTICH... mais ce sont des exceptions. En règle générale, les
mâles dominent. Au trot, il y eu une grande époque des femelles,
dans les années 50 à 70, avec des noms prestigieux comme GELINOTTE,
OZO, ROQUEPINE, MASINA et UNE DE MAI. Depuis, les demoiselles
semblent avoir retrouvé leur place dans les seconds rôles... mais
n'allez pas m'accuser de misogynie, je ne fais que citer les faits !
Treizième conseil : LE TERRAIN.
Par définition, tous les chevaux
aiment le bon terrain... bon, ça veut dire bon ! Quand il devient
ferme les jambes souffrent mais les bornes d'arrosage se mettent en
route et les pistes durent n'existent plus que sur les petits
hippodromes de dernière catégorie, là où le PMU ne s'aventure
jamais. Maintenant, un cheval aux jambes fragiles risquera moins de «
casser » sur une piste bien souple, mais pas trop non plus. Quant au
terrain lourd, il requiert une aptitude spéciale (voir le troisième
conseil, paragraphe : canter) ; tous les chevaux ne l'ont pas. On
peut parfois la déceler à travers les origines, ce que nous verrons
plus loin.
L'état du terrain est mesuré avec un
appareil appelé pénétromètre, qui fait d'ailleurs régulièrement
l'objet de plaisanteries salaces, comme on peut s'en douter. Les
mesures sont prises à 10 heures du matin ; à vous de les corriger
si la pluie continue à tomber jusqu'en fin d'après-midi ou si, à
l'inverse, un beau soleil et un vent fort apparaissent. L'état du
terrain varie aussi selon la qualité des pistes, comme on l'a déjà
vu (dixième conseil).
Quatorzième conseil : LES ORIGINES.
En dehors de la conception et de
l'achat d'un cheval, les origines peuvent-elles être de quelque
utilité pour le parieur ? Certains pensent que oui ; admettons....
Quelles sont les indications que peut nous donner un pedigree ? La
classe supposée de celui qui en hérite, bien entendu, mais encore ?
L'aptitude à une certaine distance et au terrain. C'est peut-être
ce dernier paramètre qui s'avère le plus précieux dans l'étude du
papier, sachant que certains étalons transmettent une réelle
aisance sur les surfaces grasses à leur progéniture. Sans avoir la
prétention d'être exhaustif, je puis en citer quelques uns :
SADLERS WELLS, EXIT TO NOWHERE, HIGHEST HONOR, TAKE RISKS, POLIGLOTE,
MEDAALY, BLUEBIRD, PIVOTAL, TREMPOLINO, NIKOS et SICYOS... ainsi que
les origines maternelles de MISTI, TAPIOCA, MATAHAWK, ARCTIC TERN,
KING OF MACEDON, ABDOS, EMERSON et IRON DUKE. Le plus amusant c'est
que certains de ces étalons qui transmettent cette aptitude ne
l'avaient pas forcément eux-mêmes, du temps où ils couraient !
Les mystères de la génétique....
Certaines origines sont aussi garantes
de docilité, de générosité et de bravoure ou, à l'inverse,
dénoncent un certain caractère, voire un mauvais vouloir.
Comme toute règle, l'étude de
l'ascendance d'un cheval comporte des exceptions... celle-là
peut-être plus qu'une autre !
Quinzième conseil : ELIMINEZ... BUVEZ
!
Vous connaissez forcément le slogan
publicitaire d'une célèbre marque d'eau minérale... je vous
propose de l'inverser : éliminez et si ensuite vous buvez, ce sera
du champagne !
L'élimination d'un ou plusieurs
concurrents dans les handicaps est un des exercices les plus
périlleux qui soient. Mon prédécesseur, professeur et néanmoins
ami, André Théron, animait une rubrique intitulée « Les interdits
» dans les années 70. Une véritable planche savonneuse ! Si
vraiment le cheval doit vous faire passer pour un imbécile, ce n'est
pas la peine de lui faciliter la tâche. André donnait à ses
auditeurs des cravaches pour se faire fouetter. Combien de fois ses
maudits « interdits » se sont-ils retrouvés dans les trois
premiers (à l'époque, il n'y avait que le tiercé), le plongeant au
cœur de l'humiliation, le rendant vulnérable - lui, le grand prêtre
de l'hippisme - aux yeux de certains qui n'hésitaient pas à mettre
en doute sa compétence ? Combien de fois ai-je entendu un confrère
prononcer la phrase fatidique : « Si Tartempion gagne, je me fais
curé (ou rabbin ou imam, selon les confessions) ! » Combien de
fois, moi-même, suis-je tombé dans le piège ? Et vous, cher
turfiste, combien de fois vous est-il arrivé de rayer un cheval avec
la certitude de ne lui savoir aucune espèce de chance... et de voir
cet « interdit » placer son petit nez devant celui de votre favori,
dans les tout derniers centimètres ? N'étant pas un homme public,
vous vous êtes évidemment bien gardé de raconter ce « dégât
collatéral » à vos copains, essayant de le dissoudre dans votre
amertume. Tout cela pour vous dire qu'éliminer un cheval (et de
préférence un mauvais favori) est presque plus difficile que de
trouver celui qui va disputer l'arrivée. Le gain est cependant à la
hauteur de la difficulté car s'il vous arrive d'avoir raison (à
savoir écarter un ou plusieurs usurpateurs), tout devient beaucoup
plus facile et - souvent - très rémunérateur.
Un vieux pelousard avait trouvé cette
méthode d'élimination qui, s'appuyant sur un bon sens très carré,
connaissait une réussite étonnante. C'est bête comme chou mais
encore fallait-il y penser ! Il avait remarqué que lorsqu'un jockey
ne pronostique pas le cheval qu'il monte, celui-ci figure rarement à
l'arrivée. Vous allez me rétorquer : ils les mettent tous, même
s'ils n'ont aucune chance, pour ne pas déplaire au propriétaire...
et lorsqu'ils les oublient, le nègre de service s'en charge à leur
place. Beaucoup plus intéressante est la seconde observation de
notre pelousard : si le jockey-pronostiqueur n'indique pas le cheval
qu'il a monté lors de sa dernière sortie, on peut aussi l'éliminer.
Cela participe d'un raisonnement inébranlable : le jockey (qui est
tout sauf un pronostiqueur, en fin de compte) détient un atout
supérieur que sa mémoire toute fraîche n'a pu effacer ; il était
en contact avec l'animal au moment de l'effort. Rien n'a pu lui
échapper !
Tous les journaux qui consacrent un peu
de place aux courses ont une rubrique de jockeys pronostiqueurs.
Amusez-vous à suivre cette méthode, vous serez les premiers étonnés
!
Seizième conseil : LES COUPS SURS.
Les coups sûrs, ça n'existe pas !
S'indignent les Mandarins qui traînent leur spleen sur les
hippodromes. Et pourquoi n'existeraient-ils pas ? La principale vertu
des courses c'est de nous faire rêver, de nous prendre le corps et
l'esprit durant trois heures et de les rendre ensuite à la vie
urbaine, épurés de cette aigreur qui nous tient debout comme un
tissu amidonné. Pour parler trivialement, les courses... c'est une
pompe à emmerdes. Peut-être que, pour certains, elles en créent
d'autres... mais le but, c'est en s'adonnant à la recherche du
gagnant, de se vider la tête de toute la pollution engendrée par
notre environnement social.
La principale qualité d'un turfiste,
c'est d'être croyant. Les courses et le jeu sont d'ailleurs
comparables à une religion. On n'a jamais obtenu la preuve qu'elles
pouvaient nous enrichir, mais on garde la foi parce la quête de la
vérité, du coup sûr, voire de la pierre philosophale... est sans
fin. Le turfiste vit dans le futur et s'il a besoin de certitude,
c'est pour chasser le présent. Quid du coup sûr alors ? Pour le
moral, il est bon de croire qu'il existe des chevaux imbattables. Et
lorsqu'un cheval « imbattable » gagne, ce qui se produit somme
toute assez souvent (on ne parle que des trains qui n'arrivent pas à
l'heure), le turfiste regonfle sa pompe à logique et se croit maître
du jeu. Jusqu'à la prochaine déconvenue.... Ainsi va la vie ! La
roue tourne, comme les chevaux sur la piste, remède perpétuel à
l'ennui.
Les matelassiers : Au fait, quelle est
l'exacte définition du coup sûr ? C'est un cheval qui doit
impérativement terminer dans les trois premiers. En jargon turfiste,
le « matelassier » est une personne qui joue des matelas... sous
entendu, de billets ! Autrement dit, il parie très gros sur des
chevaux qui rapportent très peu ; en général 10 ou 20% de la mise.
Vous me direz que majorer son capital de 10% en moins de trois
minutes, c'est mieux que la Bourse... certes, mais à la Bourse, vous
ne risquez pas de perdre la totalité de votre capital en moins de
trois minutes ! Aux courses, il suffit qu'un de ces fameux « coups
sûrs » termine 4ème pour que vous soyez ruiné. Dès lors, il vous
faut dix coups gagnants... rien que pour reconstituer votre capital.
Si cela vous tente.... Admettons que vous soyez prêt à courir ce
risque, les chevaux qui méritent un tel investissement ne courent
par les rues. Au trot, il faut des sujets qui ne commettent jamais
d'incartades, en obstacle des sauteurs hors pair (et encore... la
chute d'un autre sous leurs jambes peut les faire tomber) et au
galop, des pur-sang dont la supériorité est avérée comme MIESQUE,
LAMMTARRA, PEINTRE CELEBRE, ROCK OF GIBRALTAR, DALAKHANI, ZARKAVA et
quelques rares autres qui, durant toute leur carrière, n'ont jamais
fini plus loin que 3ème. Cette forme de jeu s'assimile au
professionnalisme, éliminant tout caractère ludique. Pourquoi ?
Parce que les chevaux en question sont les favoris de tout le monde ;
il n'y a donc aucune originalité à les jouer, aucune satisfaction
personnelle qui confine à l'unicité : j'ai trouvé la solution, pas
toi ! Parce qu'il ne faut rien laisser au hasard et s'entourer de
toutes les précautions et autres vérifications possibles, un peu
comme le commandant de bord qui procède à sa check list avant le
décollage : se rendre à l'écurie le matin de la course, voir
auprès du lad si le cheval a bien dormi, bien mangé, vérifier s'il
a bien uriné avant la course, etc. C'est un travail à temps
complet, sans sécurité sociale ni assurance chômage !...
Dix septième conseil : PEUT-ON DEVENIR
JOUEUR PROFESSIONNEL ?
La transition est toute trouvée
puisque le « matelassier », comme nous l'avons vu, s'apparente à
un pro. A la question de savoir si l'on peut devenir un joueur
professionnel, la réponse est évidemment oui puisque nous sommes
dans un pays libéral, soi-disant démocratique, où toutes les
activités qui entrent dans le cadre de la Loi sont permises. Or,
aucune loi ne vous interdit de jouer aux courses et aucune autre d'en
faire votre gagne-pain. Maintenant, à la question de savoir s'il est
souhaitable de devenir joueur professionnel, la réponse est non. Du
moins, est-ce mon avis... et je le partage, comme dirait un de mes
amis. Bien entendu, ce niet quasiment stalinien nécessite quelques
explications ; les voici !
J'ai connu un vieux turfiste,
personnage atypique et haut en couleur, qui a élevé une famille de
neuf enfants avec les courses. Sans aucune protection sociale !
C'était possible durant les « trente glorieuses » ; ça ne l'est
plus aujourd'hui. Pourquoi ? Pour une raison très simple : la
surinformation. Le pari mutuel est basé sur le principe des vases
communicants ; ce sont les perdants qui nourrissent les gagnants.
Dans les années 50-60, il n'y avait ni internet ni téléphone
portable ni vidéo ni télévision ou lorsqu'on y voyaient des
courses, les chevaux ressemblaient à des mouches... bref, aucun
moyen de disséquer une épreuve si l'on n'était présent sur
l'hippodrome avec une bonne paire de jumelles et un sacré coup d'œil
! Par ailleurs, les pronostiqueurs ou ceux qui se prétendaient tels
n'étaient autres que des pseudo-journalistes éprouvant une vague
passion pour le cheval ou pour le jeu et dont on ne savait que faire.
Souvent parachutés par une relation au grand soulagement de papa !
En résumé, les gens jouaient n'importe quoi et les rares
connaisseurs se partageaient le gâteau. Avec la vogue du tiercé
vers la fin des années cinquante, inutile de vous dire que le gâteau
était très... crémeux ! Tout en respectant les précautions
d'usage, susmentionnées dans le chapitre précédent, il était donc
possible à un turfiste assidu et connaisseur de gagner agréablement
sa vie. Pourquoi n'est-ce plus possible aujourd'hui ? Pour la raison
inverse, pardi ! Le développement conjoint de l'information
(celle-ci étant devenue de qualité) et de la communication fait que
même un aveugle sourd et muet connaît le bon cheval s'il veut
seulement se donner la peine de le chercher un peu. Dès que la
logique est respectée, les gagnants sont donc légion, le « gâteau
» est partagé en miettes et le vrai connaisseur ne tire
pratiquement plus rien de son expertise. Audiard dirait qu'il partage
avec les caves !
Le « métier » n'est donc plus
rentable. CQFD.
Dix-huitième conseil : LA « MUSIQUE
».
On appelle « musique » le
récapitulatif chiffré des dix dernières performances du cheval.
Exemple : 0p-2p-4p-8p-5o-2o-7o-0p (09) 3p-0p. Le chiffre représente
le classement (0 = non placé, c'est à dire : pas dans les huit
premiers) et la lettre minuscule, la spécialité : p = plat et o =
obstacle. Le changement d'année est entre parenthèse, (09)
signifiant le passage de l'année 2009 à 2010.
La « musique » vous permet de juger,
d'un rapide coup d'œil, les plus récentes performances des
concurrents. Elle peut aussi vous montrer, en filigrane, la courbe de
forme d'un cheval, son tempérament et sa fiabilité, voire son
biorythme, si vous y connaissez quelque chose. En quelques secondes,
sans tenir compte de la valeur intrinsèque, vous saurez si vous avez
affaire à un cheval régulier, intermittent ou insaisissable. Le
sujet régulier répète ses performances (1-2-1-4-3-2 etc.),
l'intermittent les alterne (1-0-2-0-4-8-3 etc.) et l'insaisissable
produit une bonne performance sur cinq ou six (0-0-9-0-0-1-0-0-0
etc.). Il existe ensuite des « sous divisions », notamment avec des
chevaux dont on arrive à déterminer qu'ils font une bonne course
sur trois ou sur quatre... bref, la « musique » est parfois riche
d'enseignement et fait gagner du temps aux turfistes qui ne disposent
pas du temps matériel pour faire un « papier approfondi » .
L'étude du passé : L'étude du passé
d'une course peut parfois vous apporter de précieuses indications
mais il faut les manier avec prudence en sachant bien que l'hippisme,
comme n'importe quel autre sport, est en perpétuelle évolution. Ce
qui était vrai hier, ou même avant-hier, ne l'est pas forcément
aujourd'hui et ne le sera peut-être plus demain. Il n'en demeure pas
moins que l'étude du passé peut nourrir l'esprit des statisticiens,
autant qu'elle peut mettre en exergue la forme saisonnière quand un
même cheval participe plusieurs fois à la même course (cela se
produit fréquemment en obstacle). Certains journaux spécialisés
ont une ou plusieurs rubriques qui « explorent le temps ». A vous
de trouver celles qui vous conviennent le mieux.
Dix-neuvième conseil : LA PRESSE
HIPPIQUE.
La presse hippique est devenue très
professionnelle, surtout dans le domaine technique où elle n'a rien
à envier à son homologue britannique, qui fait référence. Sur le
plan rédactionnel, elle n'est malheureusement pas à la hauteur,
beaucoup de nos prétendus journalistes n'ayant pas le niveau exigé
par cette profession dans les autres matières.
Comment utiliser la presse hippique ?
Je ne vous suggérerai pas de suivre un pronostiqueur, vous n'avez
pas besoin de moi pour cela. Essayez plutôt d'utiliser la presse
hippique comme un indicateur. En deux mots : vous voulez gagnez gros
? Identifiez les favoris et éliminez-les (enfin, pas tous quand
même...) ! Vous préférez gagner souvent et peu ? Faites la même
chose mais au lieu d'éliminer, sélectionnez les éléments fiables.
La plupart des journaux ayant une rubrique hippique publient un
récapitulatif de plusieurs de leurs confrères. Inspirez-vous en
pour appréhender la tendance et construire votre jeu autour de
l'espérance de gains souhaitée.
Quid des pronostiqueurs ? Mon but n'est
pas de cracher dans la soupe, mais il faut dire la vérité :
beaucoup sont des imposteurs... et je ne parle pas des audiotels
surtaxés vantant les mérites de spécialistes bidons, surfant sur
la crédulité publique ! Devenir pronostiqueur ne requiert aucun
diplôme et n'implique aucune sanction. N'importe qui peut donc
s'improviser pronostiqueur, tirer des numéros dans un chapeau et
prospérer benoîtement dans un métier où la frontière est floue
entre la compétence et l'incompétence. J'entends par là que nous
sommes dans le domaine de l'aléatoire et qu'un pronostiqueur
compétent travaillant d'arrache-pied (j'en connais !) peut se faire
voler la vedette par un escroc qui fait ses pronos devant la télé,
dans son salon ! C'est la raison pour laquelle il n'existe aucune
qualification pour exercer ce métier où l'on trouve le pire et le
meilleur... car le meilleur existe et nul doute que vous saurez
l'identifier après avoir lu ceci. Ce n'est pas très difficile, en
fin de compte, de démasquer les imposteurs. Il existe de véritables
experts et il n'est pas nécessaire d'en être un soi-même pour les
reconnaître ! Seulement voilà, ce ne sont pas forcément eux qui
vous feront gagner... a fortiori parce que tout le monde les suit et
qu'ils font baisser la cote.
Comment gagner avec un pronostiqueur ?
Certainement pas en suivant ses pronostics aveuglément.
Contrairement à la presse française, la presse britannique classe
ses pronostiqueurs selon leurs gains. Constat affligeant : l'énorme
majorité affichent un déficit en fin d'exercice. Ça ne vous donne
évidemment pas envie de les suivre. En France, on vous claironne
qu'untel ou untel vous l'a ENCORE donné, sans préciser évidemment
si vous êtes gagnant ou perdant en ayant suivi son pronostic toute
l'année. Quand un pronostiqueur fait la « une » de son journal ou
de sa rubrique pour avoir donné un quinté de plusieurs milliers
d'euros en huit chevaux... savez-vous simplement combien il vous en
coûterait de suivre ce pronostiqueur toute l'année en jouant SON
quinté de huit chevaux ? 365 X 112 euro = 40.880 euro.
Connaissez-vous beaucoup de turfistes qui ont un budget annuel de
plus de 40.000 euro ?
La seule manière sérieuse de suivre
un pronostiqueur, c'est de faire comme s'il était un cheval ! Et
oui... sur un panel de vingt pronostiqueurs, essayez de déterminer
la période de forme, la régularité, les spécificités (rigoureux,
théorique, original ou risque-tout) de chacun, les petites manies,
bref... faites « le papier » de chaque pronostiqueur. Ensuite - et
c'est à mon sens la seule façon intelligente de suivre un pronostic
- profitez de la compétence de chacun (les plus sérieux vont aux
courses tous les jours, pas vous !) pour mettre en relief la petite
différence qui vous fera gagner. Exemple : le cheval qui ne figure
dans aucun pronostic... sauf dans celui d'un pronostiqueur dont le
sérieux et la compétence sont avérés. C'est avec des petits «
trucs » comme celui-là que vous dénicherez le (ou les)
trouble-fête du quinté.
Vingtième conseil : LA PREMIERE FOIS.
C'est tout simple : le cheval qui court
« à réclamer » pour la première fois, le cheval qui porte des
œillères pour la première fois ou, au trot, le cheval déferré
pour la première fois et le bon cheval attelé qui participe à une
épreuve sous la selle pour la première fois sont tous des gagnants
potentiels. Ça ne s'explique pas, c'est juste empirique. Je vous
rappelle que les courses ne sont pas une science exacte !
Corollaire de la première fois : LES
ECARTS. Là aussi, nous nageons dans le grand bassin de l'empirisme
mais force est de reconnaître que lorsqu'un jockey ou un entraîneur
de renom rompt un gros écart (l'écart est le nombre de courses
auquel un professionnel participe sans gagner), ce qui revient à
dire qu'il regagne pour la première fois, il se met à enfiler les
succès. Si vous suivez cette constatation (on ne peut décemment
appeler ça une méthode), soyez aux aguets !
CONCLUSION :
La meilleure conclusion tient en quatre
mots : A vous de jouer ! Toutefois, je voudrais profiter de ce
dernier chapitre pour répondre à une question qu'on me pose souvent
: « Jouez-vous vos pronostics ? » Je vais d'abord répondre à sa «
petite sœur » qu'on me pose aussi régulièrement : « Jouez-vous ?
» La réponse est oui parce qu'avant d'être journaliste, j'étais
turfiste... et parce que je le suis resté. Et puis, j'ai du mal à
imaginer qu'on puisse être un boucher végétarien... si vous me
passez la comparaison. La question qui suit est généralement : «
Gagnez-vous ? » La réponse est la même que celle des autres
turfistes : ça dépend des années, il y en a de bonnes et de moins
bonnes... mais que je gagne ou que je perde, ça ne change
strictement rien à ma vie. Je conçois le jeu comme une distraction,
certainement pas comme une addiction et je vous ai dit plus haut ce
que je pensais du jeu professionnel. Quant à jouer mes pronostics,
j'y viens ! Il est évident qu'être pronostiqueur et ne pas jouer
les chevaux qu'on conseille à ses lecteurs participe de la plus
grande malhonnêteté. Maintenant, il me reste à vous dire « merde
». Au fait, savez-vous d'où vient cette expression ? Au 19ème
siècle, quand il n'y avait que des transports hippomobiles, les
circassiens et les gens du spectacle émettaient mutuellement le
souhait de voir beaucoup de... merde dans la cour de leur cirque ou
de leur théâtre. Cela voulait dire que l'assistance serait
nombreuse.
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